BAZAINE JEAN (1904-2001)
Jean Bazaine est né à Paris le 21 décembre 1904, il est mort à Clamart le 4 mars 2001. D'abord intéressé par la sculpture, il suit les cours de Paul Landowski. Dès 1924, il se consacre à la peinture en même temps qu'il suit des cours de lettres et d'histoire de l'art. Son double talent de peintre et d'écrivain s'affirme au contact de Gromaire, auquel il gardera une grande admiration, et dont le dessin l'a beaucoup marqué, de l'historien de l'art Henri Focillon, qui l'intègre dans le premier Groupe d'histoire de l'art, et de Pierre Bonnard qui se dit „content de voir quelqu'un qui travaille dans [sa] voie“.
Jeanne Castel expose ses premières œuvres à Paris en 1930 ; en 1932 a lieu sa première exposition personnelle à la galerie Van Leer. Dès 1934, Bazaine pratique l'aquarelle qui lui donne une liberté qu'il va transposer dans la peinture. Parallèlement, il collabore à la revue Esprit de 1934 à 1938. En 1936, il découvre la Bretagne et la mer qui seront pour lui d'inépuisables sources d'inspiration. En 1937, il se lie d'amitié avec Jacques Villon à l'occasion de l'exposition L'Art indépendant. Maîtres d'aujourd'hui. Il réalise ses premiers vitraux. Chargé de la section Arts plastiques au sein du groupe Jeune France en 1941, il organise à la galerie Braun l'exposition Jeunes Peintres de tradition française, qui se réfère à Cézanne, Matisse et Braque autant qu'à l'art de la France médiévale. Son tableau La Messe de l'homme armé (juillet 1944), peint aux couleurs de la France, devient même le symbole d'un art libre sous l'Occupation. Entré avec Estève à la galerie Louis Carré, il y attire ses compagnons, Villon et Lapicque.
Après guerre, ses toiles sont construites sur une grille cubiste : cloisonnement au pinceau noir, rectangles de couleurs, touches à la Cézanne. Des figures sont prises dans cette structure qu'elles contribuent à façonner : nageurs, plongeurs, personnages dans la forêt. De cette esthétique qui dépasse l'opposition entre figuration et abstraction, son livre Notes sur la peinture d'aujourd'hui (1948) rend compte.
Ami d'Arland, de Bernanos, de Frénaud, Bazaine devient un des rénovateurs de l'art religieux et, comme tel, l'un des protagonistes – avec sa mosaïque monumentale d'Audincourt (1951) – de la „querelle de l'art sacré“ en 1952. Bazaine est alors un des artistes les plus sollicités pour des commandes monumentales de vitraux, de mosaïques et de tapisseries. Dans les années 1950, il voyage beaucoup : aux États-Unis en 1952 (Chicago), en Espagne en 1953 et en 1955 (où sa peinture acquiert une lumineuse intensité) et aux Pays-Bas en 1956 („toutes mes idées sur l'espace étaient définitivement bouleversées“). La couleur se libère : le décentrement et les interpénétrations des plans de couleurs laissent „du jeu“ à la couleur, selon l'expression même du peintre. Non figuratif plutôt qu'abstrait (il a dit du contour : „je le distingue de moins en moins“), il tend à se concentrer sur „les grands signes essentiels qui sont à la fois sa vérité (celle du peintre) et celle de l'Univers“. Avec Estève et Manessier, Bazaine est alors l'une des figures marquantes de l'abstraction lyrique.
Jean Bazaine était hostile à toute forme d'expressionnisme ainsi qu'au surréalisme. Bernard Ceysson n'hésite pourtant pas, avec raison, à comparer son lyrisme des années 1950 à l'expressionnisme d'un Pollock ou d'un Kline. Son art prend l'aspect d'un paysagisme non figuratif qui retrouve à partir de Marée basse (1955) et de Hollande (1956) l'atmosphère impressionniste de Claude Monet. C'est une célébration de la nature dont les couleurs sont finalement exaltées[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Thierry DUFRÊNE : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-X-Nanterre
Classification
Autres références
-
ART SOUS L'OCCUPATION
- Écrit par Laurence BERTRAND DORLÉAC
- 7 408 mots
- 2 médias
Dans la lignée du personnalisme d'Emmanuel Mounier, les Jeunes Peintres de tradition française, Bazaine en tête, voulaient une France nouvelle, mais ressaisie, rénovée, sacrée, fervente, et qui tournerait définitivement le dos aux fadeurs d'une piété décadente. Ils défendaient un art ingénu, neuf, vif,... -
PARIS ÉCOLES DE
- Écrit par Claire MAINGON
- 2 622 mots
- 1 média
...qualificatif aux peintres qui ont véritablement revendiqué et popularisé à cette époque les tendances non figuratives. Ainsi, on privilégiera des peintres comme Jean Bazaine (1904-2001), Alfred Manessier (1911-1993), Roger Bissière (1886-1964), Jean Le Moal (1909-2007), Édouard Pignon (1905-1993) ou Maurice...