BELLORINI JEAN (1981- )
Jean Bellorini est, depuis Tempête sous un crâne (2009), qui l’a révélé au grand public, une des figures de proue de sa génération. Il a su renouer avec l’esprit d’un théâtre populaire ouvert et généreux, qui s’inscrit résolument dans la lignée des Copeau, Gémier, Dasté, Mnouchkine.
Les années de formation
Jean Bellorini est né en 1981 à Paris, dans une famille de médecins. À onze ans, il entre en 6e au lycée Saint-Michel-de-Picpus. Situé dans le XIIe arrondissement, à Paris, cet établissement possède une vraie salle de spectacle où les élèves peuvent se produire. Ces années de collège et lycée seront celles de sa formation. Acteur d’abord, metteur en scène ensuite, il est membre, dès la 4e, des Gavroches – une troupe semi-professionnelle créée par des professeurs qui organisent des spectacles chantants. En 2002, son baccalauréat en poche, Jean Bellorini s’inscrit au cours Claude-Mathieu. Là, il découvre le travail sur le texte, le corps et l’espace. À partir de 2005, il y enseigne à son tour, et anime des ateliers, comme il continuera de le faire à Saint-Michel-de-Picpus jusque dans les années 2010. Il enseigne, encore, au département supérieur pour jeunes chanteurs du conservatoire à rayonnement régional de Paris.
En 2001, il fonde la compagnie Air de lune, avec Marie Ballet. Après un Piaf, l’ombre de la rue, tous deux mettent en scène Un violon sur le toit à l’école Claude-Mathieu, puis Yerma de Federico Garcia Lorca et La Mouette de Tchekhov. Ces deux créations seront présentées respectivement en 2003 et 2004 à la Cartoucherie de Vincennes dans le cadre du festival « Premiers Pas, Enfants de troupe », organisé par le Théâtre du Soleil. Depuis lors, Ariane Mnouchkine n’a cessé de jouer auprès de Jean Bellorini un rôle de marraine, accueillant Tempête sous un crâne, deux années de suite, en 2009 et 2010. Cette détonante adaptation fleuve des Misérables pour deux musiciens et sept comédiens – tout à la fois narrateurs, conteurs, chanteurs et rappeurs – renoue avec l’esprit du théâtre des tréteaux.
Ces mêmes qualités, on les retrouve en 2012 dans une nouvelle adaptation : Paroles gelées, d’après le Quart Livre du Pantagruel de Rabelais. Chef d’orchestre d’une quinzaine de comédiens, là encore chanteurs, danseurs et musiciens, Jean Bellorini invite les spectateurs à un palpitant voyage au pays des mots et de la sapience, en illustration de la phrase de Rabelais selon laquelle « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Pour ce spectacle, il recevra plusieurs prix : celui, en 2012, de la révélation théâtrale de l’année, décerné par le Syndicat de la critique ; les Molières, en 2014, du théâtre public, et du meilleur metteur en scène d’un spectacle de théâtre public, également attribué, dans le même palmarès, à La Bonne Âme du Se-Tchouan, de Bertolt Brecht, créé cette même année. Il ne s’agit plus cette fois d’une adaptation mais d’un « classique » que, fidèle à sa manière, Jean Bellorini a superbement rajeuni en prenant le parti de l’émotion directe, de la fable racontée sur un mode naïf et poétique. Retraduit par ses soins avec le concours de Camille de La Guillonnière, le texte résonne, avec une acuité percutante, dans sa dimension sociale aussi bien que politique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Didier MÉREUZE
: journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à
La Croix
Classification
Média
Autres références
-
LE JEU DES OMBRES (mise en scène J. Bellorini)
- Écrit par Véronique HOTTE
- 1 125 mots
- 1 média
Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, dont la 74e édition fut annulée en juillet 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, a réuni le public à l’automne pour « Une semaine d’art en Avignon », reprenant ainsi l’appellation originelle créée par Jean Vilar. La manifestation,...
-
THÉÂTRE OCCIDENTAL - Crises et perspectives contemporaines
- Écrit par Jean CHOLLET
- 3 827 mots
- 5 médias
...notamment pour Les Serments indiscrets de Marivaux (2012) ou Phèdre de Racine (2014). Son jeune successeur au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Jean Bellorini, s’inscrit lui aussi dans cette optique, avec des créations nourries d’inventions et de chansons ouvrant sur une vitalité joyeuse, comme...