Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BELLORINI JEAN (1981- )

Recréer un théâtre populaire

En 2012, Christophe Rauck, directeur du Théâtre Gérard-Philipe, le Centre dramatique national de Saint-Denis, accueille en résidence Jean Bellorini qui lui succède à la tête de cette institution deux ans plus tard. Il va poursuivre au sein de ce centre dramatique national la même utopie d’un théâtre capable de s’adresser intimement à chacun en même temps qu’à tout le monde. Il y défend la même nécessité du travail collectif fondé sur une troupe unie par une histoire commune. Liliom de Ferenc Molnar, qu’il a mis en scène à Montpellier, dans le cadre du festival Printemps des comédiens, inaugure en septembre 2014 sa première saison à la tête du TGP. Il veut en faire un espace de découverte et de confrontation. En novembre-décembre 2014, Exhibit B., installation-performance du Sud-Africain Brett Bailey, met en scène sous forme de tableaux vivants l’asservissement des populations noires par des siècles de colonialisme. D’abord présentée en 2012 sans provoquer de remous, sa reprise au TGP puis au « 104 » à Paris fait l’objet de violentes controverses. Bien que contraint d’annuler deux représentations, Jean Bellorini tient bon, affirmant : « Le débat oui, la censure non. »

Jean Bellorini sait se montrer attentif aux compagnies émergentes. Ainsi, en février 2015, il ouvre son théâtre à un collectif encore inconnu : le Birgit Ensemble. Dirigé par deux femmes, une quinzaine de jeunes comédiens, tous nés juste avant, pendant ou juste après 1989, et issus de la dernière promotion du Conservatoire de Paris, racontent en un spectacle hors norme La chute du Mur de Berlin, telle qu’ils la vivent vingt-cinq ans après.

Jean Bellorini, qui a créé une école au TGP, La Troupe éphémère, insiste sur la notion de transmission. En témoigne son cycle de théâtre hors les murs proposé à travers toute la Seine-Saint-Denis, quitte à installer pour une journée une « vraie » salle, s’il n’en existe pas. En 2015, il donne ainsi une adaptation sidérante du roman de l’Autrichien Ödon von Horvath, Un fils de notre temps, interprété par quatre comédiens musiciens. En 2016, il met en scène Karamazov, d’après Les Frères Karamazov de Dostoïevski, au festival d’Avignon, avant de prendre au début de l’année 2020 la direction du Théâtre national populaire de Villeurbanne. La même année, à l’occasion de la Semaine d’art en Avignon, il donne Le Jeu des ombres, de Valère Novarina.

— Didier MÉREUZE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à La Croix

Classification

Média

Jean Bellorini - crédits : Jacques Demarthon/ AFP

Jean Bellorini

Autres références

  • LE JEU DES OMBRES (mise en scène J. Bellorini)

    • Écrit par
    • 1 125 mots
    • 1 média

    Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, dont la 74e édition fut annulée en juillet 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, a réuni le public à l’automne pour « Une semaine d’art en Avignon », reprenant ainsi l’appellation originelle créée par Jean Vilar. La manifestation,...

  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - Crises et perspectives contemporaines

    • Écrit par
    • 3 827 mots
    • 5 médias
    ...notamment pour Les Serments indiscrets de Marivaux (2012) ou Phèdre de Racine (2014). Son jeune successeur au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Jean Bellorini, s’inscrit lui aussi dans cette optique, avec des créations nourries d’inventions et de chansons ouvrant sur une vitalité joyeuse, comme...