ARISTIDE JEAN-BERTRAND (1953- )
Homme politique et prêtre salésien né le 15 juillet 1953, à Port-Salut (Haïti), président d'Haïti en 1991, 1994-1996 et 2001-2004.
Jean-Bertrand Aristide fréquente une école de Port-au-Prince dirigée par l'ordre salésien et, en 1966, entre au séminaire salésien de Cap-Haïtien où il se prépare à la prêtrise. En 1975, il se range du côté des pauvres et de Ti Kominoté Legliz (« petite église »), un mouvement issu de la théologie de la libération. L'année suivante, il retourne à Port-au-Prince pour étudier la psychologie à l'université d'État, dont il sort diplômé en 1979. La fin des années 1970 est marquée par un militantisme accrû contre le régime dictatorial de Jean-Claude Duvalier, et Jean-Bertrand Aristide, responsable de la programmation à Radio Cacique (station de radio catholique), appelle au changement. Il se retrouve souvent en désaccord avec ses supérieurs, qui l'incitent à quitter le pays. Jean-Bertrand Aristide passe la plus grande partie des six années suivantes à étudier la théologie biblique à l'étranger, et obtient une maîtrise en 1985 à l'université de Montréal. En 1982, il passe brièvement à Haïti pour son ordination.
Il rentre au pays en 1985, et devient curé de la paroisse de Saint-Jean-Bosco, un centre de résistance de Port-au-Prince. En 1986, l'année où Duvalier est chassé du pouvoir, Jean-Bertrand Aristide survit à une première tentative d'assassinat qui sera suivie de nombreuses autres. Il se fait réprimander par les Salésiens pour ses prises de positions politiques et fonde des orphelinats, notamment celui de Lafanmi Selavi. Au cours des années suivantes, il continue de mécontenter la hiérarchie catholique et l'armée. En 1987, l'Église tente de le transférer dans une paroisse moins centrale mais elle échoue quand ses partisans occupent la cathédrale de Port-au-Prince et organisent une grève de la faim. En 1988, un attentat perpétré au cours de l'office qu'il célèbre fait treize morts et plus de soixante-dix blessés. Opposés à ses activités politiques, les Salésiens l'expulsent à la fin de 1988 ; en 1994, Aristide demande à être défroqué.
Poussé par le mouvement populaire Lavalas (qui signifie « avalanche » en créole) à se présenter à l'élection présidentielle, Jean-Bertrand Aristide remporte les premières élections démocratiques libres d'Haïti en 1990 et est investi le 7 février 1991. Il lance un programme d'alphabétisation et démantèle le système répressif des milices des « tontons macoutes ». Ses réformes mécontentent l'armée et l'élite haïtiennes, et le 30 septembre 1991, un coup d'État le chasse du pouvoir. Aristide vit en exil jusqu'au 15 octobre 1994, date à laquelle l'armée, confrontée à une intervention internationale sous l'égide des États-Unis, accepte de le laisser revenir. Il revient à la présidence, et malgré sa popularité auprès des masses, échoue à trouver des solutions efficaces aux problèmes économiques et aux inégalités sociales du pays. Il quitte le pouvoir en 1996, la Constitution lui interdisant d'effectuer deux mandats consécutifs.
En 1997, Jean-Bertrand Aristide forme un nouveau parti politique, la Famille Lavalas et, en 2000, il est à nouveau élu président. L'opposition boycotte les élections et des soupçons de fraude électorale poussent la communauté internationale à demander la tenue de nouvelles élections, Jean-Bertrand Aristide est investi en février 2001.
Un coup d'État échoue en juillet 2001 mais, au cours des années suivantes, l'opposition ne fait que s'amplifier. Jean-Bertrand Aristide fuit le pays en février 2004 au milieu de manifestations anti-gouvernementales qui se transforment en véritable révolution. En mars 2011, alors que s'organise le second tour de l'élection présidentielle haïtienne, il[...]
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