CALVIN JEAN (1509-1564)
La formation des ministres
Après le procès de Servet, les luttes se calmèrent et Calvin put se consacrer à une œuvre qui lui tenait à cœur, la fondation de l'Académie de Genève (1559). Un collège avait été créé en 1541, mais Calvin voulait organiser un enseignement supérieur, pour la formation des pasteurs réclamés de toutes parts, en France et ailleurs, et aussi pour celle de l'élite. Plusieurs professeurs qui avaient dû quitter Lausanne vinrent à Genève et constituèrent un corps professoral de grande valeur. Théodore de Bèze en fut le recteur. Le nombre des étudiants atteignit rapidement plusieurs centaines. Le livre du recteur nous a conservé leur nom et leur lieu d'origine (provinces de France et pays d'Europe). Établie en 1559 par le premier synode, tenu à Paris, qui officialisa la confession de foi et la discipline, l'Église réformée de France comptait en 1561 deux mille cent cinquante églises. Il fallait des conducteurs pour toutes ces paroisses, et Calvin écrivait : « Envoyez-nous du bois et nous vous renverrons des flèches. » À l'Académie, Calvin et Bèze enseignaient la théologie et commentaient l'Écriture sainte, d'autres professaient le grec et l'hébreu, la philosophie, la physique et les mathématiques. Un dessin d'étudiant nous a laissé un portrait de Calvin dans sa chaire, engoncé dans sa pelisse et courbé par une vieillesse précoce.
Car c'était un grand malade, dont les dernières années furent particulièrement douloureuses. Fièvres, migraines, crachements de sang, coliques néphrétiques l'assaillaient sans cesse, sans arriver à le détourner de ses tâches. En février 1564, quatre mois avant sa mort, il écrit à Rondelet, Saporta, Dortoman, professeurs de la Faculté de médecine de Montpellier, gagnés à la Réforme, une lettre où il décrit ses nombreuses souffrances. Le 28 avril 1564, il adresse ses adieux aux pasteurs de la ville réunis autour de lui, retraçant son ministère et ses difficultés : « J'ai vécu ici en combats merveilleux (étonnants). J'ai été salué par moquerie le soir de cinquante ou soixante coups d'arquebuse. Que pensez-vous que cela pouvait étonner un pauvre écolier timide comme je suis et j'ai toujours été, je le confesse... Et même tout ce que j'ai fait n'a rien valu... Je n'ai écrit aucune chose par haine à l'encontre d'aucun, mais j'ai toujours proposé fidèlement ce que j'ai estimé être pour la gloire de Dieu. »
Les derniers jours furent douloureux. Il s'écriait parfois dans ses grandes souffrances : « Seigneur, tu me piles, mais il me suffit que c'est ta main. » Le 27 mai 1564, il mourut paisiblement. Ses funérailles au cimetière de Plainpalais furent d'une extrême simplicité. Aucune pierre, aucune inscription ne marquèrent le lieu de cette sépulture, qui nous reste inconnu. Il faut chercher son souvenir ailleurs, surtout dans ses écrits innombrables, ses traités et ses lettres.
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Écrit par
- Jean CADIER : doyen honoraire de la faculté de théologie protestante de Montpellier
- André DUMAS
: pasteur, président du journal
Réforme
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