CAPO D'ISTRIA JEAN comte de (1776-1831)
Homme d'État grec qui joua un grand rôle dans la diplomatie russe sous le règne d'Alexandre Ier et dans la lutte de la Grèce pour son indépendance. Peu après que la Russie et la Turquie eurent chassé les Français des îles Ioniennes et eurent regroupé celles-ci dans la république des îles Ioniennes ou Heptanèse (1799), Capo d'Istria participa à la rédaction de la seconde constitution du nouvel État, qui fut adoptée en 1803, et fut nommé secrétaire d'État la même année. Mais, lorsque la France rétablit son autorité sur les îles Ioniennes en 1807, il entra dans les services diplomatiques russes (1809), où il devint expert dans les affaires balkaniques et reçut le titre de commandant des forces armées russes du Danube inférieur (1812). Après que son armée se fut portée vers le nord pour s'opposer à l'invasion de la Russie par Napoléon, Capo d'Istria fut affecté à l'état-major russe en tant que diplomate en 1813, puis envoyé en mission spéciale en Suisse l'année suivante par le tsar Alexandre Ier. Après avoir été l'un des représentants de la Russie au Congrès de Vienne (1814-1815), Capo d'Istria devint l'un des conseillers les plus influents du tsar ; après janvier 1816, il fut nommé adjoint de Karl Robert Nesselrode à la direction du ministère des Affaires étrangères russes.
Toutefois, Capo d'Istria exprima des réserves sur la formation de la Sainte-Alliance et s'opposa à ce que la Russie approuve la répression par l'Autriche des insurrections de Naples et du Piémont (1820-1821). Il s'attira ainsi l'inimitié du chancelier Metternich, qui usa de son influence sur Alexandre Ier pour miner la position de Capo d'Istria. Lorsque Alexandre refusa de soutenir l'insurrection des Grecs contre la Turquie (qui débuta en mars 1821), Capo d'Istria, qui avait pris parti pour la cause de l'indépendance grecque, bien qu'il ait auparavant refusé de prendre la tête de la plus importante organisation révolutionnaire grecque, se trouva dans une situation extrêmement difficile. C'est pourquoi, en 1822, il prit un congé et s'établit à Genève, où il se consacra à apporter des secours matériels et moraux aux rebelles grecs jusqu'en avril 1827, date à laquelle il fut élu président provisoire de la Grèce.
Après avoir démissionné de son poste aux Affaires étrangères russes, il parcourut l'Europe pour obtenir un soutien financier et diplomatique au profit de la guerre d'indépendance grecque et parvint à Nauplie, capitale de la Grèce, en janvier 1828. Puis il s'attacha tout particulièrement à négocier avec la Grande-Bretagne, la France et la Russie (qui avaient toutes participé à la guerre contre les Turcs) la fixation des frontières de la Grèce et le choix de son nouveau roi. Il travailla également à mettre sur pied un appareil gouvernemental efficace. Il s'attira ainsi beaucoup d'ennemis et deux d'entre eux, Constantin et Georges Mauromichali, l'assassinèrent alors qu'il entrait dans une église de Nauplie.
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
- Écrit par Jean CATSIAPIS , Encyclopædia Universalis , Dimitri KITSIKIS et Nicolas SVORONOS
- 21 411 mots
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...Otton Ier, prince bavarois, la première tentative sérieuse d'organisation de l'État grec sous une République présidentielle ayant échoué. Jean Capodistria, élu gouverneur par la IIIe Assemblée nationale (1827), avait soulevé l'opposition des notables, des éléments bourgeois et des intellectuels...