KILLY JEAN-CLAUDE (1943- )
Une formidable reconversion
Jean-Claude Killy s'égare un moment dans diverses aventures sans lendemain : courses automobiles, cinéma. Mais, rapidement, il fait fructifier son image de champion « cathodique ». Il collabore avec Mark McCormarck, fondateur de l'agence de management américaine I.M.G., devient l'ambassadeur de marques prestigieuses – Chevrolet, Rolex, United Airlines. Il se mue en homme d'affaires avisé : il reprend une usine de pantalons de ski au bord du dépôt de bilan, la rebaptise Veleda-Killy et en fait une entreprise florissante récompensée par l'oscar de l'exportation en 1982.
Puis il s'engage dans un nouveau défi : permettre à Albertville d'obtenir l'organisation des jeux Olympiques d'hiver de 1992. Avec Michel Barnier, il multiplie les initiatives pour favoriser la réussite de la ville savoyarde. Après cinq années d'efforts, la récompense tombe le 17 octobre 1986 : le Comité international olympique confie l'organisation des XVIes Jeux d'hiver à Albertville. Sous l'impulsion de Jean-Claude Killy, toute la Savoie se mobilise pour que ces Jeux soient une pleine réussite. Ils le sont. À l'issue de la cérémonie de clôture, les propositions les plus diverses affluent du monde entier. Mais l'univers de Jean-Claude Killy demeure celui du sport. Dès 1993, il s'engage avec le groupe Amaury comme président de la Société du Tour de France. Là aussi, le succès est au rendez-vous. Quand il quitte ses fonctions, en 2000, le chiffre d'affaires du groupe a été multiplié par deux.
En 1995, Jean-Claude Killy était devenu membre du Comité international olympique, au sein duquel il entretenait une relation privilégiée avec le président de l'époque, Juan Antonio Samaranch, qui aurait bien vu en lui son successeur. Cependant, Killy renonce à cette ambition et s'en explique : « Il faudrait que je me lance dans une campagne, que je fasse du lobbying et que je me présente devant des électeurs. C'est quelque chose que je ne sais pas faire. »
Mais Killy demeure avant tout l'homme de Val-d'Isère – le domaine skiable de Tignes-Val-d'Isère a été baptisé Espace Killy en son honneur. Aussi, quand la station est choisie pour organiser les Championnats du monde de ski alpin de 2009, Jean-Claude Killy s'investit pleinement dans le projet, en tant que président du directoire du comité d'organisation. Mais les travaux prennent du retard, les « politiques » n'écoutent pas les multiples messages d'alerte que le triple médaillé d'or de Grenoble leur adresse. Aussi décide-t-il en juillet 2007 de claquer la porte. Une décision à son image : celle d'un homme entier. De la même manière, Jean-Claude Killy se montre d’abord critique vis-à-vis de la candidature d’Annecy à l’organisation des jeux Olympiques d’hiver de 2018, jugeant le dossier trop politique. Néanmoins, en février 2010, il annonce qu’il souhaite apporter son soutien au projet. Mais il était trop tard pour inverser une tendance défavorable…
Président de la commission de coordination des jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, Jean-Claude Killy mène une nouvelle fois sa tâche avec conviction et réussite, bien que certains lui reprochent une prétendue proximité avec Vladimir Poutine. Sur ce sujet, il déclare : « … J’ai passé sept ans à travailler en direct avec le chef d’un État de 145 millions d’habitants. Je dois être l’un de ceux qui le connaissent le mieux. J’ai la conviction que Poutine est un homme bien. » En mars 2014, âgé de soixante-dix ans, il démissionne du C.I.O.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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