MALGOIRE JEAN-CLAUDE (1940-2018)
Chef d'orchestre et musicologue français, Jean-Claude Malgoire est né à Avignon le 25 novembre 1940. Son aventure prend son essor lorsque, après avoir effectué ses études musicales au conservatoire de sa ville natale, il monte à Paris. Hautboïste, il est admis au Conservatoire de la capitale et, dès 1957, en reçoit l'enseignement officiel ; un passage de quatre ans qui se soldera par deux premiers prix – hautbois et musique de chambre – et une entrée dans la vie musicale professionnelle, dans laquelle il avait déjà pénétré par la petite porte pour améliorer son ordinaire, cachetonnant, comme bon nombre de ses confrères, dans diverses formations : orchestres de casinos l'été, de la RATP, de la SNCF, Harmonie des usines Renault... Revenu de ses obligations militaires, il commence une collaboration féconde avec un orchestre prestigieux, celui de la Société des concerts du Conservatoire, puis entre en 1967 à l'Orchestre de Paris, qui vient d'être fondé et que dirige le grand Charles Münch, et où il occupera pendant sept ans les fonctions de cor anglais solo : Herbert von Karajan, conseiller musical de l'Orchestre de 1969 à 1971, dira de lui : « Il est unique au monde » ! L'année 1968, elle, est marquée par un succès brillant au Concours international d'exécution musicale de Genève, avec un deuxième prix de hautbois ex aequo, le premier prix n'étant pas décerné.
Mais revenons en 1966. La France est alors loin de se douter qu'elle va voir s'abattre sur elle une tornade musicale que beaucoup prendront d'abord pour une mode, avant de rendre les armes et d'admettre que ces quelques vagues tempétueuses étaient en réalité une lame de fond. Les noms de Nikolaus Harnoncourt ou de Gustav Leonhardt commencent à être familiers aux curieux dont l'univers musical ne se limite pas au xixe siècle. Le baroque émerge, lentement mais sûrement, et avec lui de nouveaux critères d'interprétation, y compris l'emploi d'instruments d'époque. L'essor du disque microsillon favorise l'ouverture du répertoire, et Vivaldi ou Telemann en profitent. En France, les pionniers ont pour nom Antoine Geoffroy-Dechaume, claveciniste, Charles Ravier, chef de chœur, la comtesse de Chambure, qui régnait sur la Société de musique d'autrefois et sur le musée des instruments du Conservatoire. À leur contact, le jeune Malgoire devient l'un des plus fougueux militants de la cause baroque. Au point d'attirer l'attention d'un producteur discographique attaché à la firme C.B.S., Georges Kadar. Et de constituer, d'une façon tout à fait informelle, au départ, un groupe d'amis destiné à devenir La Grande Écurie et la Chambre du Roy. Ce qui n'empêchera nullement son fondateur d'être à l'origine d'une autre formation, éphémère, le Florilegium Musicum de Paris, plus particulièrement tourné vers la musique médiévale. Et de s'adonner à une autre de ses passions, la musique contemporaine, comme membre de l'ensemble Musique vivante fondé par Diego Masson, jouant sous la baguette de Bruno Maderna, ou participant à la création d'un autre ensemble, 2e2m.
De l'estrade du concert, La Grande Écurie et son chef passeront vite à la scène lyrique, défendant tour à tour et avec la même ferveur Claudio Monteverdi, Jean-Baptiste Lully, Jean-Philippe Rameau, Georg Friedrich Haendel. Avant que le mentor n'aborde, en 1981, une autre étape décisive et enrichissante, celle de directeur de l'Atelier lyrique de Tourcoing – le terme d'animateur conviendrait mieux à cet artiste entreprenant, passionné, érudit, dévoré par une insatiable curiosité. Là, Malgoire prend un malin plaisir à ressusciter des partitions oubliées, à réhabiliter des compositeurs injustement négligés. Dès sa première saison, il revendique son éclectisme, en réveillant[...]
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Écrit par
- Michel PAROUTY : journaliste
Classification
Média