PECKER JEAN-CLAUDE (1923-2020)
Spécialiste de la physique du Soleil et humaniste engagé, Jean-Claude Pecker a été une figure majeure de l’astrophysique française et de son renouveau au xxe siècle. Il a également contribué à l’essor de l’Union astronomique internationale.
Naissance d’une vocation
Né le 10 mai 1923 à Reims, Jean-Claude Pecker passe son enfance à Bordeaux. Étudiant au lycée Montaigne, il obtient deux baccalauréats (« math élem » et philosophie) en 1939. Cette même année, il est lauréat du concours général de dessin, qui restera une passion pour la vie. Reçu à l’École centrale des arts et manufactures de Paris en 1941, il ne peut y poursuivre ses études. Ses parents, emprisonnés à Paris, sont déportés et meurent à Auschwitz. Lui-même doit se cacher. En 1942, il est reçu à l’École normale supérieure (ENS). Réfugié à Grenoble, il rejoint l’ENS à la fin de la guerre et obtient l’agrégation de physique. Alfred Kastler l’oriente alors pour son doctorat vers l’astrophysique théorique, la physique des atmosphères stellaires étant peu développée en France. Il noue amitié avec Evry Schatzman. En 1947, tous deux publient un article sur la détermination des abondances stellaires d’hydrogène et d’hélium. Sa thèse est une Contribution à la théorie du type spectral(1950). Il entre à l’Institut d’astrophysique (CNRS) de Paris puis, de 1952 à 1955, est maître de conférences à Clermont-Ferrand. Après un séjour en tant que chercheur associé au High Altitude Observatory à Boulder (États-Unis), l’Observatoire de Paris l’accueille comme astronome titulaire (1956-1964). Élu professeur au Collège de France, il y tient jusqu’en 1988 la chaire d’astrophysique théorique. Il occupe également les fonctions de directeur de l’Observatoire de Nice (1962-1969) puis de l'Institut d'astrophysique de Paris (1972-1979). À la retraite, il poursuivra ses travaux de cosmologie et d’histoire des sciences.
En 1954, il publie avec Walter O. Roberts un article prémonitoire sur ce qu’on appelle aujourd’hui la météorologie spatiale (spaceweather), intitulé Solar corpusclesresponsible for geomagneticdisturbances (« Particules solaires responsables des perturbations géomagnétiques »). Il identifie dans la couronne solaire ce qu’il appelle en anglais cone of avoidance (« cône d’évitement »), qu’il comparera plus tard aux trous coronaux, ces zones moins denses de la couronne solaire environnante, sièges de violentes éjections de plasma et sources du vent solaire ultrarapide, mises en évidence en 1970 sur les images du Soleil dans l’ultra-violet lointain, seize ans après qu’il les a découvertes. Sa collaboration avec Schatzman aboutit en 1959 à l’ouvrage fondamental Astrophysique générale, qui contribue au renouveau de l’astronomie en France après la Seconde Guerre mondiale.
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Écrit par
- Roger-Maurice BONNET : directeur de recherche émérite au CNRS, chercheur, International Space Science Institute, Berne, Suisse
- Pierre LÉNA : professeur émérite de l'université Paris-VII-Denis-Diderot, membre de l'Académie des sciences
Classification
Média
Autres références
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SCHATZMAN EVRY (1920-2010)
- Écrit par Jean AUDOUZE
- 1 046 mots
- 1 média
...l'invitation de Bengt Strömgren, à l'université de Copenhague, à l'ombre du laboratoire de Niels Bohr. C'est à cette époque qu'il commence avec Jean-Claude Pecker une longue collaboration qui débouchera notamment sur la publication, en 1959, d'un ouvrage fondamental, L'Astrophysique générale...