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JEAN DAMASCÈNE (640 env.-env. 750)

De la théologie à l'expérience ecclésiale

Dans son Homélie sur la Transfiguration qui annonce la spiritualité du Moyen Âge byzantin, le Damascène souligne que l'homme est appelé à une déification intégrale par la participation au Christ transfiguré, dont « le corps terrestre rayonne de la splendeur divine », dont « le corps mortel verse la gloire de la divinité ».

Cette transfiguration s'offre à tous dans l'expérience liturgique. L' icône fait partie intégrante de celle-ci et Jean de Damas a écrit trois traités pour défendre les images sacrées. L'icône des icônes – celle du Christ – est justifiée par l'Incarnation, où l'Invisible « devient visible pour nous en participant à la chair et au sang » et qui fait rayonner les énergies divines dans la profondeur de la matière : « Je ne vénère pas la matière, mais je vénère le Créateur de la matière, qui pour moi est devenu matière [...] et qui me sauve par la matière. » D'autre part, Jean montre que le Christ, bien qu'il assume, dans son hypostase divine, l'humanité tout entière, a aussi une individualité humaine représentable. Ainsi s'amorce, face aux iconoclastes, la reprise par la théologie orthodoxe de la pensée antiochienne, centrée sur l'humanité historique de Jésus.

Jean Damascène, enfin, a assuré l'inscription dans le chant liturgique de la théologie des Pères grecs, dont il dégage le mouvement profond de célébration. L'alliance contre l'iconoclasme des moines de Saint-Sabbas et de ceux de Stoudion, à Constantinople, a fait connaître ces compositions dans la capitale, de sorte qu'elles sont devenues un élément constitutif de la liturgie dite byzantine. Il s'agit surtout des « canons », hymnes métriques et rythmiques comportant chacune neuf odes (dont les grandes odes scripturaires sont le point de départ) et dégageant, aux vigiles d'une fête, la signification spirituelle de celle-ci. Le plus célèbre est le canon pascal, véritable chant de triomphe : « Peuple, rayonnons de joie – Pâque du Seigneur, Pâque ! – De la mort jusqu'à la vie – Le Christ-Dieu nous fait passer – Et tout s'emplit de lumière – Le ciel, la terre et l'enfer. »

— Olivier CLÉMENT

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

Classification

Autres références

  • JÉSUS ou JÉSUS-CHRIST

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    • 26 médias
    ...subtiles, l'Église « orthodoxe » dut, à son tour, élaborer une théologie de l'icône où la représentation du Christ était rendue possible par son Incarnation. Saint Jean Damascène, au viie siècle, fut le premier grand théologien des images sacrées, qui justifie ainsi la possibilité de figurer le Dieu-Homme...