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BRÉBEUF JEAN DE (1593-1649)

Missionnaire français, Jean de Brébeuf a vécu pendant quinze années au milieu des Hurons. Nul ne les connaissait mieux que lui : il leur a consacré des pages qui comptent parmi les plus précieuses de l'ethnographie amérindienne.

Né à Condé-sur-Vire, il entre chez les Jésuites en 1617 : il est ordonné prêtre en 1622. Désigné pour la nouvelle mission jésuite du Canada, il débarque à Québec en 1625. Pendant cinq mois, il suit les Algonquins dans leurs courses vagabondes. Mais c'est à la nation huronne, à 800 milles de Québec, que son supérieur le destine. Il s'y rend en 1626, y séjourne trois ans, étudiant la langue et les mœurs huronnes, mais ne fait aucun progrès dans l'évangélisation. Rappelé à Québec en 1629, il est forcé de rentrer en France et ne retourne dans la colonie qu'en 1633, après l'occupation anglaise. Dès 1634, il remonte en Huronie, comme supérieur, avec l'ordre de fonder et d'organiser une mission permanente.

Le travail missionnaire semble, cette fois, devoir donner des résultats. Mais, coup sur coup, en 1634, 1636 et 1639, des épidémies d'une rare violence déciment les Hurons. De 30 000, la population tombe à 12 000. Il n'en fallait pas tant pour que les Jésuites fussent accusés de sorcellerie, et la religion nouvelle décriée. Une lutte ouverte s'engage entre les Indiens courroucés et apeurés et les missionnaires résignés à mourir assassinés. Plusieurs de ceux-ci se voient à la dernière extrémité, mais la crainte que les Hurons ont des Français de Québec les retient toujours de massacrer les Jésuites. Brébeuf, qui a fondé trois postes avant de céder le supériorat en 1638, est victime d'un accident et doit regagner Québec en 1641. Il exercera pendant trois ans les fonctions de procureur de la mission.

Quand Brébeuf retourne en Huronie, en 1644, la guerre iroquoise atteint son point culminant. Décimés par les maladies, divisés et désorientés par l'introduction d'une religion et de coutumes nouvelles, démoralisés, les Hurons sont désormais une proie facile pour leur puissant ennemi. Incapables de résistance, ils se convertissent par milliers. Mais la fin est proche. À partir de 1647, les Iroquois détruisent systématiquement la Huronie, bourg après bourg, et massacrent les missionnaires. Le 16 mars 1649, Brébeuf est capturé. Les Iroquois le martyrisent longuement, atrocement, avec les raffinements d'une cruauté inouïe. Il a été canonisé par Pie XI, le 29 juin 1930. (Voir R. Latourelle, Étude sur les écrits de saint Jean de Brébeuf, 2 vol., 1952-1953 ; J. Robinne, L'Apôtre au cœur mangé, Jean de Brébeuf : étude sur l'époque et sur l'homme, 1949 ; F. X. Talbot, Saint among the Hurons : the Life of Jean de Brébeuf, 1949.)

— André VACHON

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Écrit par

  • : directeur général des presses de l'université Laval

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