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DEGOTTEX JEAN (1918-1988)

C'est à vingt et un ans, lors d'un voyage en Algérie et en Tunisie, que Jean Degottex (né à Sathonay dans l'Ain) commence à peindre. Il obtient le prix Kandinsky en 1951 et participe à la création du Salon d'octobre, qui défend l'abstraction lyrique. « La vision s'efface au profit de l'impulsion gestuelle », dit Renée Beslon, qui signale que, dès 1953, l'expression par le signe est acquise. André Breton, qui préface l'exposition présentée en 1955 par Charles Estienne à la galerie L'Étoile scellée, voit dans la démarche de Degottex, dans la rapidité de son trait de pinceau, la possibilité d'un véritable automatisme en peinture, et révèle une disposition proche des œuvres des peintres japonais du sumi-e. La rencontre avec l'attitude philosophique zen est capitale pour Degottex : à l'image du calligraphe extrême-oriental, il s'engage dans un art issu de la discipline et du contrôle permettant un geste minimum, rapide et définitif, et cherche comment transcender le signe à partir de l'écriture (Suite Serto ; Hagakure, 1957). L'efficacité du geste unique, la dynamique du mouvement qui occupe pleinement et justement l'espace se vérifient dans les « 18 Vides » des Alliances (par exemple, Vide de l'inaccessible, Vide du non-être de la nature par elle-même), exposées à la Galerie internationale d'art contemporain à Paris, en 1959, dans les Suites (Écriture, 1962 ; Suite Rose Noire, 1964) où les signes s'inscrivent sur un fond sombre, dans les grandes peintures Aware (Aware II, 2.8 - 1961, Musée national d'art moderne, Paris), dans les Métasignes (1961). Vers 1966, Degottex introduit la matérialité du support, de la toile, par l'estampage, la déchirure, le pliage, le grattage, le recouvrement, le tressage, et y inscrit des formes circulaires. Puis les signes sont remplacés peu à peu par un système faisant appel à la symétrie, à l'orthogonalité, à l'oblique sur champ monochrome (Suite Médias, 1973 ; Papier Plein, 1975-1976), lignes imprimées en creux et en relief dans la toile écrue ou teinte (série des Reports, 1977-1978). Degottex intervient de plus en plus sur des objets bruts qui, présentant déjà un signe privilégié à respecter ou à contrarier — rayures des briques, texture des sacs en papier kraft, lignes du bois, trame des tissus —, lui servent de matrice, d'outil, de support, de surface, de sujet, d'objet, pour obtenir une peinture minimale, essentielle, qu'il voudrait universelle : séries des Bris Signes, 1979-1980 ; des Fonds Perdus, 1982-1983 ; des Bois Fendus, 1984-1987 (Bois Fendu Coin, 1984, Galerie de France, Paris) ; des Lignes Bois, 1985-1987, des Lauriers-Caisse, 1987. Jean Degottex a illustré les livres d'un certain nombre de poètes, Edmond Jabès, Maurice Benhamou, Bernard Lamarche-Vedel et Jean Tortel.

— Servane ZANOTTI

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