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DORST JEAN (1924-2001)

Jean Dorst - crédits : Jean-Régis Roustan/Roger-Viollet

Jean Dorst

Biologiste et naturaliste, Jean Dorst a été l'un des grands visionnaires du xxe siècle sur l'importance et l'urgence de changer les relations de l'homme avec la nature.

Né le 7 août 1924 à Mulhouse-Brunstatt (Haut-Rhin) et décédé à Paris le 8 août 2001, Jean Dorst s'est passionné très tôt pour les sciences naturelles, en commençant par réunir un petit herbier, des collections de papillons, de coléoptères, de fossiles et de roches. Il jugera plus tard cette approche très modeste, se souvenant même de la dissection maladroite de pièces ostéologiques. Cet intérêt pour le monde vivant fut encouragé par son père, chasseur et « amateur de nature », et par l'exemple de son cousin, Pierre Chevey, ichtyologue réputé. C'est ce dernier qui lui offrit son premier microscope.

Ayant fui l'Alsace sous occupation allemande, Jean Dorst se retrouva à la faculté des sciences de Paris. Chercheur à l'Office de la recherche scientifique et technique d'outre-mer, il fréquentait assidûment le laboratoire de zoologie (Mammifères et Oiseaux) du Muséum national d'histoire naturelle dont le directeur, Jacques Berlioz, lui fit partager ses immenses connaissances sur les colibris. Jean Dorst étudia la structure des plumes d'oiseaux en rapport avec les couleurs produites par interférences. Assistant dès 1947 dans le laboratoire de Berlioz, il lui succéda en 1964. Il s'intéressa aux migrations des oiseaux, à leur déterminisme et leurs relations avec les fluctuations des facteurs écologiques, et publia plusieurs ouvrages dont Les Migrations des oiseaux (2 éditions : 1956 et 1962), The Migrations of Birds (1962) et Les Animaux voyageurs (1964).

Ces livres eurent déjà un retentissement international. Mais c'est sans conteste Avant que nature meure qui fit connaître Jean Dorst dans le monde entier. Cet ouvrage, traduit en 17 langues, a posé dès 1965 les fondements scientifiques de la biodiversité. Une version abrégée, La Nature dénaturée, parut en 1970. Face à l'exploitation destructrice des ressources naturelles, Jean Dorst avait perçu très tôt que la préservation de la nature passe par sa mise en valeur, y compris par la chasse ou des activités commerciales. Il a d'ailleurs été membre fondateur de la Maison de la chasse et de la nature. Lorsqu'il s'agissait de dénoncer les atteintes portées à la biosphère, sa plume était belle et mordante, bien documentée, imagée comme seule peut l'être celle d'un homme de terrain qui aime les livres. Ainsi, élu, à quarante-neuf ans, membre de l'Académie des sciences, il dira dans un fameux discours à l'Institut de France : « Attaquée de partout, quadrillée par des routes, l'Amazonie qui avait résisté à toutes les vicissitudes depuis l'ère tertiaire, risque de n'être qu'une terre morte, tuée de la main de l'homme pour un profit illusoire et de courte durée. »

Jean Dorst écrivit d'autres ouvrages dont, en collaboration, le Field Guide to the Larger Mammals of Africa, devenu le guide de poche des naturalistes. On citera aussi La Vie des oiseaux (1972), L'Univers de la vie (1975), La Force du vivant (1979), Amazzonia (1987), Asia Sud-Orientale (1987), Les oiseaux ne sont pas tombés du ciel (1995) et La Faune en péril (en coll., 1998). Dans Et si on parlait un peu de la vie ? Propos d'un naturaliste (1999), outre l'expression de sa passion pour le monde du vivant, Jean Dorst confia des réflexions dépassant le naturaliste, pour une nouvelle philosophie de la nature.

Raillant la confusion entre militantisme politique et écologie, il a appelé à une « écologie politique », c'est-à-dire au tracé d'une ligne d'action à long terme, réconciliant l'homme et la nature, amenant à réfléchir sur les grandes questions que sont l'origine de l'homme et son avenir, notamment par rapport aux conséquences[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, membre de l'Institut

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Média

Jean Dorst - crédits : Jean-Régis Roustan/Roger-Viollet

Jean Dorst

Autres références

  • ENVIRONNEMENT - Catastrophisme environnemental

    • Écrit par
    • 7 406 mots
    ..., dont rien n'indique qu'il fut un succès de librairie ; ce n'est plus le cas avec la parution, en 1963, d'Avant que nature meure de Jean Dorst (1924-2001) qui dirigea aussi le Muséum. Le livre est complété et enrichi en 1969, 1970, 1971, 1974, 1978. Signe des temps, on lui ajoute en...