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EFFEL JEAN (1908-1982)

Qu'il s'agisse d'éditorial politique ou de considérations sur l'univers, le dessin d'humour de Jean Effel associe la force de ses idées à la poétique d'une expression saluée unanimement : « La poésie, la féerie, une sorte d'émerveillement tout ensemble moqueur et sincère sont les armes préférées de Jean Effel », a pu écrire Joseph Kessel. De son vrai nom François Lejeune (les initiales F.L. formeront le pseudonyme), Jean Effel fait paraître ses premiers dessins au début des années 1930. Cet autodidacte talentueux trouve rapidement sa place dans la presse, et surtout celle de gauche (Paris-Soir, Le Rire, Marianne, Le Canard enchaîné, L'Os à moelle, etc.). L'originalité de Jean Effel se manifesta bientôt par une inspiration éloignée des effets éculés d'une gauloiserie, usuelle dans la presse de divertissement. Sur fond d'internationalisme prolétarien et de réalisme poétique, La Création du monde (1937) révolutionne la Genèse par le rire. Ce regard innocent sur les débuts du monde plut à Emmanuel Berl, alors rédacteur en chef de Marianne. Jean Effel se consacra à ce thème, avec plus de 5 000 dessins, et à un nombre considérable d'albums, traduits en quinze langues, qui donnèrent lieu, en 1962, à un dessin animé long métrage en couleur dû au réalisateur tchèque Edward Hofman.

Après la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle fut une source extraordinaire d'inspiration pour plus d'un caricaturiste en raison de son physique, de sa personnalité hors normes et de son aptitude à lancer des formules saisissantes. Avec Tim, Moisan et Faizant, Jean Effel a su décliner les mille facettes anecdotiques qui situent le personnage dans notre temps et quelquefois dans l'Histoire. Le dessin qu'il exécute à l'occasion de la célèbre rencontre du général avec le président Mao, à l'occasion de la reconnaissance de la Chine populaire par la France, n'a pas perdu de son sel ; les deux chefs d'État se présentent, l'un par « Mao... », l'autre par « Moâ ! » (L'Express, 23 janvier 1964). Pour Jean Effel, la légende appartenait au dessin, et il insista toujours pour qu'elle figurât dans sa graphie manuscrite au tracé appliqué, presque enfantin. L'Humanité-Dimanche, L'Express, Paris-Match, France-Soir, etc., très nombreuses sont les publications auxquelles le dessinateur collabora.

Hommage assez rare pour un humoriste, un timbre-poste lui a été consacré le 15 octobre 1983.

— Nelly FEUERHAHN

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