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FILLIOZAT JEAN (1906-1982)

Né à Paris le 4 novembre 1906, Jean Filliozat fut un spécialiste éminent des études indiennes et orientales. On lui doit une somme d'écrits remarquable par son étendue, son originalité, son exceptionnelle diversité ; car il a voulu appréhender l'Inde dans sa complexité réelle, rendre sensible à tout ce dont elle enrichit la civilisation de l'humanité, attirer l'attention sur le fait que, « objectivement, elle est une des parts majeures du monde ». Il le montrait, en 1961, dans son livre Inde : nation et traditions, où il appelle un très large public à réviser les idées préconçues qui faussent la compréhension de ce grand pays : le génie spéculatif des Indiens, par exemple, ne doit pas faire méconnaître le sens aigu de l'observation dont ils ont de tout temps fait preuve, leur intelligence des faits d'expérience, la démarche rationnelle, l'ingéniosité de leurs praticiens. Peut-être, par ses études initiales de médecine, J. Filliozat était-il préparé, mieux que d'autres, à comprendre la contribution de l'Inde à l'histoire des sciences et des techniques ; ou les analyses dupsychisme subconscient et des phénomènes psychosomatiques auxquels les Indiens se sont très tôt intéressés. Il notait, d'ailleurs, que les Anciens ont, plus d'une fois, su mieux que nous rendre justice à l'Inde. C'est à cela que lui-même s'est employé sans trêve : dans ses travaux d'érudition, ses cours, ses communications — à quoi se sont ajoutés, en grand nombre, des conférences destinées au public cultivé, des articles de revues, des exposés et notices.

Un premier bilan de ses travaux, dressé en 1974 (et revu par Jean Filliozat lui-même), a été publié en tête des Laghuprabandhāḥ. Choix d'articles d'indologie (E. J. Brill, Leyde), où l'on constate comment il a su traiter d'histoire et d'épigraphie, d'histoire des religions, de philosophie, de psychologie, du yoga, d'histoire des sciences, de l'histoire de l'indianisme, d'archéologie, des relations extérieures de l'Inde, de ses langues et littératures... Après 1974 ont encore paru maints autres articles et deux livres, que compléteront plusieurs études posthumes : son œuvre d'indianiste compte environ trois cents articles et vingt ouvrages.

Pourtant, il n'était venu aux études indiennes qu'après s'être qualifié et avoir exercé comme médecin. Mais, dès son adolescence, d'innombrables lectures lui avaient permis de découvrir la richesse de la civilisation de l'Inde — que l'un de ses maîtres révérés, Sylvain Lévi, allait l'aider à comprendre pleinement. De tous les maîtres, d'ailleurs, il avait su assimiler l'enseignement et l'exemple, tout en complétant sa formation par son travail comme attaché au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale (1936-1941). Après 1947, il la parachève grâce à des missions en Asie du Sud et en Extrême-Orient, que suivront des séjours prolongés au milieu des érudits et du peuple de l'Inde. C'est alors qu'il peut donner librement carrière à son génie de défricheur et d'inventeur.

Il est, de 1937 à 1939, chargé de cours de tamoul à l'École nationale des langues orientales vivantes, en même temps que chargé de conférences à l'École pratique des hautes études ; puis, de 1941 à 1977, directeur d'études de philologie indienne à la IVe section de l'E.P.H.E., et, de 1952 à 1978, professeur au Collège de France, où il succède à Jules Bloch dans la chaire des langues et littératures de l'Inde. De 1953 à 1956, il préside par ailleurs le conseil d'administration de l'École française d'Extrême-Orient, dont il sera ensuite directeur jusqu'à 1977. En 1955, son rôle est décisif dans l'action qui mène à la fondation de l'Institut français[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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