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FRANÇAIX JEAN (1912-1997)

Un des rares compositeurs français qui soit resté fidèle à une musique écrite pour le seul plaisir, Jean Françaix s'inscrit dans la filiation de Chabrier ou de Poulenc, avec une musique fine et élégante, brillante et pleine de charme. Du début à la fin de sa carrière, il ne s'est jamais écarté de cet esprit français où le sourire et le raffinement ont toujours fait bon ménage.

Jean Françaix naît au Mans le 23 mai 1912. Son père, Alfred Françaix, est directeur du Conservatoire de sa ville natale, et sa mère professeur de chant dans le même établissement. Après y avoir commencé ses études musicales, il vient à Paris, où il travaille la composition avec Nadia Boulanger à partir de 1922. Puis il entre, en 1926, dans la classe de piano d'Isidor Philipp au Conservatoire et remporte un premier prix en 1930. Ses premières œuvres rencontrent rapidement un grand succès et sont jouées par les plus grands interprètes de l'époque : Pierre Monteux, Alfred Cortot, Maurice Maréchal... En 1933, son ballet Scuola di ballo, sur des thèmes de Boccherini, est créé par les Ballets russes de Monte-Carlo, dans une chorégraphie de Léonide Massine. Le jeune homme aborde tous les genres musicaux avec une égale réussite. Doué d'une étonnante facilité, il semble maîtriser d'instinct les règles académiques de l'écriture que Nadia Boulanger avoue n'être jamais parvenue à lui inculquer : « Les plus belles théories sont la dernière chose à quoi je pense. Les autoroutes de la pensée m'intéressent moins que les sentiers forestiers. »

Introduit dans le salon de la princesse Blanche de Polignac, il fréquente l'élite artistique parisienne dans les années 1930. C'est dans ce salon qu'est créé, en 1938, son opéra-comiqueLe Diable boiteux. Un an plus tard, il compose un oratorio, qu'il considérait comme l'œuvre de sa vie, L'Apocalypse selon saint Jean, créé sous la direction de Charles Münch en 1942. La légèreté et le sourire permanent s'effacent derrière une puissance dramatique qui trouve un écho particulier en ces années de l'Occupation. Pourtant, cette œuvre ne connaîtra que de rares reprises, victime du mépris que le monde musical français porte à la musique de Jean Françaix. L'heure est à l'intellectualisme et au postsérialisme ; il n'y a pas de place pour un musicien qui compose encore de la musique tonale et ne cherche que le plaisir dans la musique. La France l'ignore, l'Allemagne l'adopte. Il trouve en son éditeur, Schott, mieux qu'un partenaire, un véritable promoteur de sa musique, qui est bientôt jouée dans le monde entier. Lui-même participe, au piano, à l'exécution de ses propres œuvres, notamment son Concertino pour piano (1932) et son Concerto pour deux pianos (1965), qu'il joue avec sa fille, Claude Françaix. Parmi ses œuvres le plus souvent programmées figurent Les Bosquets de Cythère, suite de valses pour orchestre (1947), la Symphonie d'archets (1948), L'Horloge de Flore pour hautbois et orchestre (1959), les concertos pour clavecin (1959), pour flûte (1966), pour clarinette (1967). Il signe de nombreuses partitions pour le cinéma, notamment Si Versailles m'était conté (Sacha Guitry, 1954). Entre 1961 et 1963, il compose un opéra, La Princesse de Clèves, d'après le roman de Mme de La Fayette. Sa carrière est également jalonnée de ballets qui l'amènent à collaborer notamment avec Serge Lifar, Roland Petit et Georges Balanchine : Les Malheurs de Sophie (1935), Le Roi nu (1935), Les Demoiselles de la nuit, d'après Jean Anouilh (1948), La Dame dans la Lune (1957-1958), Pierrot ou les Secrets de la nuit (1980). En 1962, il signe une orchestration de L'Histoire de Babar de Poulenc, qui devient vite un classique du genre.

Sa musique de chambre, qui comporte un nombre considérable[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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