CHAMPOLLION JEAN-FRANÇOIS (1790-1832)
L'Égypte au musée du Louvre
La gloire du déchiffrement effaça toutefois le passé politique de Champollion le Jeune, et c'est grâce au soutien du duc de Blacas, favori de Louis XVIII, que paraît aux frais de l'État en 1824 le Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens. La protection du duc lui procure aussi le financement d'un voyage en Italie car, faute de pouvoir admirer les monuments in situ, Jean-François veut étudier la collection rassemblée par le consul Bernardino Drovetti qu'a refusée la France mais que vient d'acheter le roi de Sardaigne et de Piémont pour le musée égyptien de Turin. Il peut ainsi vérifier l'exactitude de sa méthode sur des inscriptions réelles et, ô merveille !, les textes effectivement lui « parlent ». Ayant, lors de son passage à Livourne, mesuré la richesse de la collection du consul anglais Henry Salt, il parvient à convaincre Charles X de ne pas répéter l'erreur de Louis XVIII et de s'en porter acquéreur. Cet ensemble de 4 014 pièces constituera le premier fonds conséquent de la division des Antiquités égyptiennes du musée Charles X créée le 15 mai 1826, dont la direction revient à Champollion, qui a pour charge annexe d'assurer, chaque été, un cours d'archéologie public et gratuit. Tout est à faire et le nouveau directeur s'attelle à la tâche avec ardeur. S'il ne parvient guère à imposer ses vues sur la question de l'aménagement, pour lequel il ne veut « ni marbres ni décoration à la romaine ou à la grecque », mais une imitation de l'art égyptien, il met à profit l'expérience acquise à Turin pour organiser l'exposition des œuvres selon des conceptions muséologiques rigoureuses. En rupture avec les pratiques antérieures, il opte pour un parcours thématique, identifie chaque objet par une étiquette et rédige, pour éclairer les visiteurs, une Notice descriptive des monuments égyptiens du musée Charles X. Il faut aussi porter à son crédit l'achat de la seconde collection Drovetti, dont la première caisse au moins arrive à temps pour l'inauguration officielle des galeries égyptiennes du Louvre le 15 décembre 1827. L'ensemble comportait quelque 1 970 objets, selon l'inventaire fait à Marseille, mais une cinquantaine d'entre eux disparurent lors du pillage du Louvre pendant les Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830).
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Écrit par
- Annie FORGEAU : maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne, docteur d'État
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