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COATMEUR JEAN-FRANÇOIS (1925-2017)

Issu d’une famille modeste, Jean-François Coatmeur est né le 26 juillet 1925 à Pouldavid-sur-Mer (Finistère), depuis devenu un quartier de Douarnenez. Sa passion pour l’écriture commence avec la lecture d’une nouvelle de Maupassant. Sa mère souhaitant qu’il devienne prêtre, Coatmeur effectue ses études secondaires au petit séminaire de Pont-Croix. Leur fin est marquée par un événement dramatique. Le 5 août 1944, des soldats allemands viennent l’arrêter dans son village, au titre d’otage ; il passera sept heures d’affilée, dos au mur, dans l’attente d’une hypothétique exécution. Ce face-à-face avec la mort lui inspirera son récit le plus autobiographique, Des croix sur la mer (1991), prix Bretagne 1992.

Ayant renoncé à la prêtrise, Jean-François Coatmeur s’inscrit à la faculté catholique d’Angers, puis à l’université de Rennes. Après de brillantes études de lettres classiques, il débute en 1948 comme professeur du secondaire à Concarneau, puis à Quimper, Brest et Calais. En 1958, il part en Afrique et enseigne, jusqu’en 1963, français, grec et latin en Côte d’Ivoire, au lycée français d’Abidjan. À son retour, il s’installe à Brest et enseignera pendant vingt-deux ans au lycée de Kérichen avant de prendre sa retraite (1985).

Après un premier écrit en 1953, une pièce de théâtre, Et tout le reste est nuit, inspirée par la légende de la ville d’Ys, Jean-François Coatmeur signe trois ans plus tard une pièce radiophonique, Le Bon Dieu avec nous, diffusée en avril 1956 sur les ondes de Radio-Bretagne. Ses débuts de romancier sont plus tardifs. Il publie son premier opus, Chantage sur une ombre (1963) alors qu’il se trouve encore en Afrique : ex-policier, Stanislas débarque à Douarnenez où le directeur de la biscuiterie celtique vient de se suicider. C’était son camarade de captivité pendant la guerre. Pressentant le pire, Stanislas décide d’enquêter sur ce présumé suicide. De facture classique, ce roman publié dans la collection du Masque favorise une rencontre avec Thomas Narcejac, qui suggère à Coatmeur de publier ses prochaines œuvres aux éditions Denoël. Le roman suivant, Nocturne pour mourir (1965, en partie réécrit et réédité sous le titre Le Secret d’Agnès Valière, 1996), emprunte comme le précédent, son décor aux alentours de Douarnenez. Le troisième roman de Coatmeur, Les Clandestins (1967), refusé par tous les éditeurs, est finalement publié en feuilleton dans Le Hérisson, un journal satirique. Une version améliorée verra le jour, douze ans plus tard, sous le titre On l’appelait Johnny (1979). Il s’agit à nouveau d’un huis clos sur un cargo qui relie Abidjan à Bordeaux, avec un équipage breton. Un ancien résistant, qui a jadis trahi son réseau, élimine ses ex-camarades durant la traversée. Ces premiers textes, publiés durant la « période » Denoël, ont un air de famille : atmosphère proche de celle que crée le duo Boileau-Narcejac, huis clos psychologiques, nombreux personnages secondaires très « travaillés ». Dans cette veine, citons encore Baby-foot (1970) et J’ai tué une ombre (1972, réédité sous le titre d’Outre-mort, 2001).

Jean-François Coatmeur se présente volontiers comme un croyant anticlérical. Une définition qui correspond à son refus d’une conception mutilante de la religion. Humaniste, la violence lui répugne, tout comme les injustices, le racisme et plus encore la raison d’État. Ce qui va l’amener peu à peu à délaisser les huis clos psychologiques au profit d’œuvres plus fortes, inspirées par certaines failles de nos sociétés modernes. Dans Le Squale (1975), un juge tente d’inculper un politicien véreux surnommé « le squale » et responsable d’un incendie criminel. Mais celui-ci détient une lettre dans laquelle l’épouse du juge avoue avoir assassiné son amant. Les Sirènes de minuit (1976) se déroulent en 198… Le[...]

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