LA HARPE JEAN-FRANÇOIS DE (1739-1803)
Même s'il n'est plus beaucoup lu, La Harpe reste célèbre comme critique. On cite encore à l'occasion son Cours de littérature qui lui a fait donner en son temps le surnom de Quintilien français. On fait de lui le représentant d'une critique réactionnaire, opiniâtrement opposée à l'esprit des Lumières. En fait, sa carrière, plus complexe, a été marquée par un brusque et total revirement dans ses opinions politiques et religieuses, après le 9-Thermidor.
Né de parents sans fortune, orphelin avant neuf ans, La Harpe ne doit qu'à une bourse de pouvoir faire ses études au collège d'Harcourt, et il y obtient de brillants succès. Mais il est bientôt accusé d'ingratitude et se brouille avec ses anciens maîtres. En 1759, il se lance dans la carrière des lettres par deux Héroïdes, précédées d'un Essai. Fréron se récrie contre sa hardiesse, lui conseille de relire les Anciens. C'est le début d'une guerre implacable entre les deux hommes. En 1765, il publie des Mélanges littéraires et philosophiques, mais c'est surtout par un ensemble d'œuvres dramatiques qu'il conquiert la célébrité.
En 1763, sa tragédie Warwick est jouée à la Cour. La Harpe fait hommage de sa pièce à Voltaire ; c'est le début d'une correspondance entre le maître et l'élève, qui fait plusieurs fois le voyage de Ferney. Parmi ses succès au théâtre, on peut citer Philoctète et Mélanie. En même temps, il s'ouvre une autre carrière, celle des concours académiques à Paris et en province. Il écrit des odes, des poésies légères et badines ; des traductions (Lucain, Le Tasse), et aussi des éloges (Racine, Fénelon). Lorsque la Révolution française éclate, il applaudit à la ruine des anciennes institutions. Mais, en 1794, il encourt la haine de Robespierre et il est emprisonné. Il se réfugie alors au sein de la religion, renie ses premières opinions avancées et devient un catholique militant. Aussi peut-on, dans un ouvrage paru en 1973, le définir comme « adepte et renégat des Lumières ».
Proscrit par le Directoire, qu'il avait attaqué, il reparaît au Lycée, après le 18-Brumaire. Le Lycée est une sorte de salle de conférences où il professe depuis 1786. En 1799, il publie son Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne, qui sera complété par un Supplément au Cours de littérature édité après sa mort.
C'est dans le Supplément qu'on trouve les fragments consacrés à la philosophie du xviiie siècle, et notamment une réfutation complète d'Helvétius. La vie privée de La Harpe semble avoir été assez malheureuse. Ses deux mariages furent deux échecs. Plus ou moins exilé par Bonaparte à la fin de sa vie, il ne put revenir à Paris que pour y mourir.
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Écrit par
- Denise BRAHIMI : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, professeure agrégée des Universités (littérature comparée), université de Paris-VII-Denis-Diderot
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LUMIÈRES
- Écrit par Jean Marie GOULEMOT
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...(1797-1799). Voltaire, agent de liaison, y est accusé d'être, avec l'appui des francs-maçons allemands, l'artisan de la Révolution. La démarche est plus subtile chez La Harpe, voltairien à ses débuts, zélé révolutionnaire jusqu'au triomphe des Jacobins, et qui, menacé de la guillotine,...