REUBELL JEAN-FRANÇOIS (1747-1807)
Quand la Révolution éclate, le quadragénaire Reubell, bâtonnier de l'ordre des avocats à Colmar, n'a encore jamais quitté sa province natale ; député du tiers, il se fait remarquer à la Constituante par son opiniâtreté, soit pour dénoncer comme des tyrans les princes étrangers possessionnés en Alsace, soit pour combattre les privilèges du clergé et peu après les prêtres non jureurs, soit pour soutenir les droits des hommes de couleur, mais aussi pour refuser violemment qu'on accorde les droits de citoyens aux juifs ; il est naïvement typique de bien des députés auxquels la force des choses demandait d'édifier une nouvelle nation et qui ne savaient que refléter souvent les opinions et parfois les préjugés de particularismes locaux ou professionnels. Député à la Convention où les régionalismes ne sont guère de mise, Reubell fait plus pâle visage en s'asseyant dans les rangs de la Montagne ; il conserve une discrétion obligée jusqu'à la chute de Robespierre ; alors une nouvelle jeunesse commence pour lui. Autoritaire, têtu, coupant, travailleur acharné, il tranche sur l'ensemble du personnel thermidorien ; par deux fois membre du Comité de salut public, puis membre du Directoire, il s'est fait une spécialité des questions de politique extérieure et prétend régenter, avec un inégal bonheur, la diplomatie de la « Grande Nation ». Après avoir pris sa bonne part de la réaction thermidorienne antijacobine, il n'entend pas qu'on remette en cause la destruction de l'Ancien Régime et sa bête noire demeure le clergé réfractaire ; républicanisme et anticléricalisme sont pour lui presque synonymes ; beaucoup moins intelligent mais beaucoup plus sérieux et travailleur que Barras, Reubell s'associe avec lui dans une lutte commune contre les « clichyens » et le seconde dans la préparation du 18-Fructidor. Il sort de sa charge par tirage au sort en mai 1799, et dès lors son rôle politique est fini ; sa rigidité ne l'avait guère rendu populaire et ses collègues affectaient de dire médiocre ce gêneur si peu maniable.
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Écrit par
- Jean MASSIN : écrivain
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Autres références
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CAMPOFORMIO PAIX DE (1797)
- Écrit par Jean TULARD
- 380 mots
La première campagne d'Italie de Bonaparte s'achève par la paix de Campoformio. La paix avec l'Autriche aurait tout aussi bien pu être dictée par Hoche, vainqueur des Autrichiens à Neuwied, près de Coblence, le 18 avril 1797. Bonaparte prend de vitesse ses collègues et ...