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FROISSART JEAN (1337 env.-apr. 1404)

Poète et chroniqueur français. Entre 1361 et 1369, Froissart séjourna en Angleterre au service de Philippa de Hainaut, devenue reine par son mariage avec Édouard III. Après la mort de celle-ci, il se retira à Valenciennes. Ordonné prêtre, il obtint une cure près de Mons. Il fréquenta la cour des ducs de Brabant, fut chapelain de Beaumont et chanoine de Chimay. Il voyagea en France, en Italie, aux Pays-Bas.

Durant un premier temps, il semble avoir consacré aux lettres la majorité de ses loisirs. Outre un bon nombre de pièces lyriques, il composa des textes narratifs ou didactiques de facture et d'inspiration courtoises, ainsi L'Espinette amoureuse et Le Joli Buisson de Jonece, deux romans de quatre à cinq mille vers chacun où abondent l'allégorie comme l'afféterie. Plus prétentieux, plus fastidieux aussi les quelque trente mille vers de Meliador ; ce roman qui se rattache au cycle arthurien conte la quête du chevalier Meliador possédé par l'amour de la princesse Hermondine, fille du roi d'Écosse. Cette œuvre fut présentée en 1388 à Gaston Phébus, comte de Foix. C'est l'un des rares repères chronologiques certains que l'on possède concernant les écrits littéraires de Froissart.

C'est probablement vers 1370 qu'il entreprit d'écrire les Croniques de France, d'Engleterre et des païs voisins, qui constituent l'un des grands livres du xive siècle. Ce récit englobe les guerres qui ont sévi entre 1327, date de l'avènement d'Édouard III, et la mort de son petit-fils Richard II en 1400. Pour une première partie — jusqu'en 1361 — Froissart s'inspire largement d'une chronique antérieure due au chanoine liégeois Jean le Bel. S'il puise sans scrupule à cette source de bon aloi, il la complète grâce à une documentation personnelle, qui est en bonne partie de première main et dont il use avec intelligence. Ses relations en haut lieu, ses multiples voyages lui ont permis d'interroger nombre de témoins ou même d'acteurs des faits qu'il relate, et il n'hésite pas, pour éclairer sa lanterne, à recouper les témoignages et à recourir, le cas échéant, à l'opposition, c'est-à-dire à des sources émanant du camp adverse. Curieux de nature, interviewer habile, il ne ménagea ni son temps ni les démarches ; en revanche, il fait trop volontiers crédit à ce qu'on lui conte et manque évidemment des méthodes critiques au sens actuel du terme ; sa datation est peu sûre. Il ne faut pas non plus chercher dans son œuvre une philosophie de l'histoire. Froissart est avant tout un narrateur ; il informe le mieux qu'il peut, mais il aime surtout décrire et peindre ; à cet égard, il évoque les peintres flamands et bourguignons de son temps. Il excelle à rendre compte des fastes et de la somptuosité des cérémonies historiques. Et si ses options politiques ont varié — d'abord anglophile, il prend ensuite le parti du roi de France avant de passer au camp de Bourgogne —, il est resté sa vie durant fidèle à la chevalerie française. Celle-ci a beau s'épuiser en une suite de barouds aussi spectaculaires que catastrophiques — de la bataille des Éperons d'or (1302) à celle d'Azincourt (1415) —, le chroniqueur s'enthousiasme pour ces exploits gratuits sans se soucier des misères qu'ils causent au peuple. Et c'est en esthète qu'il admire le luxe des Valois.

<em>Chroniques</em>, J. Froissart - crédits : British Library/ AKG-images

Chroniques, J. Froissart

Chroniques de Froissart - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Chroniques de Froissart

À deux titres au moins l'œuvre de Froissart s'impose : comme la source la plus riche et la plus variée que l'on possède concernant l'histoire des milieux nobiliaires du xive siècle occidental, comme l'ouvrage d'un maître écrivain capable de manier de pair la plume et le pinceau, de donner la couleur à l'action, aux tableaux la vie.

— Hubert HARDT

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<em>Chroniques</em>, J. Froissart - crédits : British Library/ AKG-images

Chroniques, J. Froissart

Chroniques de Froissart - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

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