ARTHUR JEAN, GLADYS GEORGIANNA GREENE dite (1905-1991)
Si l'avènement du cinéma parlant mit inexorablement fin à la carrière de nombreux comédiens, il favorisa par contre la trajectoire de Jean Arthur, née à New York en 1905, dotée d'une voix au registre voisin de celui que possédait Judy Holliday dans les années 1950.
Très en avance sur l'époque, la comédienne allait populariser un personnage de Girl next Door (« Mademoiselle Tout-le-Monde ») en désacralisant le glamour des stars des années 1930 et en imposant un jeu plus naturel. Après une série de films mineurs dont quelques « policiers » tirés des œuvres de Sax Rohmer et d'Ellery Queen, elle accède en 1935 à un nouveau statut avec Toute la ville en parle de John Ford, en tenant tête à Edward G. Robinson, qui interprète de surcroît un double rôle. Avec Irène Dunne et Claudette Colbert, Jean Arthur devient une des reines des comédies à caractère social, qui tentent de juguler par leur idéalisme les effets néfastes de la crise économique. Les scénaristes imaginent à son intention les situations les plus invraisemblables et écrivent des dialogues crépitant de répliques à double sens (code de censure oblige !) qu'elle débite avec suavité. Elle devient ainsi l'actrice favorite de Frank Capra, avec qui elle tourne L'Extravagant Monsieur Deeds (1936), Monsieur Smith au Sénat (1939), ou encore Vous ne l'emporterez pas avec vous (1938), où l'on nage déjà en plein non-sens. Elle est également très remarquée dans la brillante comédie de Mitchell Leisen, Easy Living (La Vie facile, 1937), où elle incarne une jeune fille pauvre, mais incorruptible, sur qui pleuvent – au sens littéral du terme – les manteaux de vison ! Jean Arthur sait passer avec aisance de la comédie au drame, comme en témoignent Le destin se joue la nuit, de Frank Borzage (1937) ou Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks (1939). Elle interprète aussi le rôle de Calamity Jane dans Une aventure de Buffalo Bill de Cecil B. De Mille (1937). Dans les années 1940, elle devient un des atouts majeurs des studios Columbia et interprète des comédies au ton plus amer, comme La Justice des hommes (1942) et Plus on est de fous (1943) de George Stevens, qui contribue avec drôlerie à l'effort de guerre américain. Le Diable s'en mêle, de Sam Wood (1941), lui permet de renouer avec des comédies au ton plus « délirant ». Après un passage éclair à la R.K.O., qui lui permet de jouer dans La Fille et son cow-boy avec John Wayne (1943), elle tournera ses deux derniers films pour les studios Paramount, La Scandaleuse de Berlin (1948) de Billy Wilder, avec Marlène Dietrich, et L'Homme des vallées perdues (1953), western « pré-écologique » où elle retrouve un de ses réalisateurs favoris, George Stevens. Entre-temps, elle aura été un mémorable Peter Pan sur les scènes de Broadway.
Moins connue aujourd'hui que Katharine Hepburn, voire Carole Lombard, Jean Arthur n'aura pas moins contribué à la réussite de nombreux classiques de l'âge d'or hollywoodien, notamment ceux de Frank Capra, tout auréolés de son charme singulier.
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Écrit par
- André-Charles COHEN : critique de cinéma, traducteur
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