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GOL JEAN (1942-1995)

La disparition brutale de Jean Gol, le 18 septembre 1995, fut unanimement ressentie, dans le monde politique belge et dans les médias, comme celle d'un des éléments les plus brillants de sa génération. Juriste de formation, avocat, enseignant à l'université de Liège, c'est surtout par son itinéraire politique qu'il retient l'attention.

Son premier engagement le situe dans la tendance de gauche du Parti socialiste belge, dont le congrès de décembre 1964 consacre une première rupture : comme François Perin, son maître à l'université mais aussi dans l'action politique, il participe à la fondation du Parti wallon des travailleurs puis, avec les fédérations de celui-ci qui n'ont pas conclu d'alliances électorales avec les communistes, à la création du Parti wallon. L'option régionaliste prime toute autre jusqu'à la formation sur des bases plus larges du Rassemblement wallon en 1968. Jean Gol accède cette année-là à son premier mandat électif, celui de conseiller provincial de Liège.

Sa carrière le conduit ensuite au Parlement (député de Liège à partir de 1971) puis au gouvernement (secrétaire d'État à l'Économie régionale wallonne dans un gouvernement de coalition avec les sociaux-chrétiens et les libéraux de 1974 à 1977). Son parti, le Rassemblement wallon, traverse une grave crise en 1976 : Jean Gol participe alors, avec François Perin, à la constitution d'une formation nouvelle avec les libéraux wallons : le Parti des réformes et de la liberté de Wallonie (P.R.L.W.). Il y joue un rôle de premier plan et patronne le regroupement, en 1979, des libéraux wallons et bruxellois francophones au sein du Parti réformateur libéral (P.R.L.), qu'il préside et conduit à la victoire aux élections de 1981.

Ce sont alors les années des gouvernements Martens-Gol de coalition (centre, sociaux-chrétiens et libéraux) auxquels, comme vice-Premier ministre et comme ministre de la Justice, il imprime sa marque et fixe des priorités.

Après le retour à l'opposition en 1988, Jean Gol redevient président du P.R.L. en 1992 et négocie avec les fédéralistes bruxellois du Front démocratique des francophones la conclusion d'un accord de fédération : la force politique ainsi créée s'impose au premier rang de toutes dans la région de Bruxelles aux élections régionales de mai 1995. C'est aussi sur la liste P.R.L.-F.D.F. qu'il est élu en juin 1994 au Parlement européen, où il adhère au groupe libéral tout en éprouvant une attraction pour des formes d'action commune avec les élus du R.P.R. français.

Malgré une incontestable fidélité, tout particulièrement à ses origines juives et à son engagement laïque, Jean Gol a suivi un itinéraire qui l'a mené du socialisme de gauche et du mouvement wallon au libéralisme et à la défense des francophones. Face au nationalisme flamand, il se posait en avocat de ce qu'il avait appelé la “nation francophone” dont le destin le préoccupait en fonction d'échéances programmées ou annoncées à la charnière des xxe et xxie siècles.

— Xavier MABILLE

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles

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