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GOUJON JEAN (1510 env.-env. 1566)

<it>Un prophète</it>, J. Goujon - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Un prophète, J. Goujon

Jean Goujon est avec Germain Pilon le sculpteur le plus important de la Renaissance française. Rompant avec la tradition des imagiers français, il est l'un des premiers artistes dont l'œuvre s'inspire directement de l'art antique et de la Renaissance italienne qu'il a étudiés personnellement en Italie. Architecte et sculpteur, il sut soumettre son œuvre sculpturale, surtout des bas-reliefs, au cadre architectural dans lequel elle devait s'inscrire. Le catalogue de son œuvre est resté longtemps incomplet et inexact. Au début du xixe siècle, un grand nombre de sculptures lui ont été attribuées, le plus souvent d'une manière erronée. C'est seulement depuis le début du xxe siècle que l'activité de l'artiste et la place qu'il tenait dans son siècle furent redécouvertes par l'étude des documents et l'examen des œuvres conservées.

Les premières œuvres conservées

On peut suivre la carrière de Jean Goujon pendant une vingtaine d'années seulement, de 1540 à 1562 environ. Le lieu et la date de sa naissance sont inconnus. Son œuvre permet d'avancer avec vraisemblance qu'il a séjourné quelque temps en Italie dans sa jeunesse. On le trouve entre 1540 et 1542 à Rouen, où il exécute ses premières œuvres conservées. Pour la tribune d'orgues de l'église Saint-Maclou, il sculpte deux colonnes qui sont encore actuellement en place. Premier exemple en France d'un ordre corinthien très pur, elles révèlent la connaissance parfaite qu'avait Goujon de l'art antique. On lui attribue aussi le dessin du tombeau de Louis de Brézé dans la cathédrale de Rouen, à la même époque, et l'architecture de la chapelle Saint-Romain, appelée populairement la Fierte.

Au début de 1544, il travaille à Paris, probablement sous la direction de l'architecte Pierre Lescot, au jubé de Saint-Germain-l'Auxerrois. L'ensemble architectural a disparu, mais les bas-reliefs des quatre Évangélistes et la Déposition du Christ, connue généralement sous le nom de la Vierge de pitié, sculptés par Goujon ont été conservés (musée du Louvre). Une estampe de Parmesan représentant la Mise au tombeau a inspiré Goujon pour la composition de la Déposition. C'est la preuve que l'art italien l'a influencé directement, sans l'intermédiaire de l'art de Fontainebleau, bien qu'on puisse constater dans ce bas- relief quelque rapport avec la Pietà du Rosso (musée du Louvre). La « draperie mouillée » et les plis parallèles des reliefs du jubé révèlent le style d'un artiste attaché à l'art antique, et plus exactement à l'art hellénistique.

Entre 1545 et 1547, Goujon travaille pour le connétable Anne de Montmorency. Il se peut qu'il ait fourni le dessin de la chapelle du château d'Écouen, dont l'exécution fut confiée à d'autres artistes. La décoration sculptée du château témoigne de l'esprit de l'artiste sans qu'on puisse reconnaître sa main. Il semble que Goujon était occupé à Écouen comme architecte-décorateur plutôt que comme sculpteur.

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<it>Un prophète</it>, J. Goujon - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Un prophète, J. Goujon

Salle des Caryatides du musée du Louvre - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Salle des Caryatides du musée du Louvre

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