HERBULOT JEAN-JACQUES (1909-1997)
Architecte naval français et régatier de haut niveau dont le nom est indissociablement lié à la démocratisation, après la Seconde Guerre mondiale, de la navigation de plaisance française.
Né le 29 mars 1909 à Belval (Ardennes), Herbulot découvre la navigation dès l'enfance lors de vacances normandes à Houlgate. Étudiant à Paris, il rejoint, au début des années 1930, le Cercle de la voile de Paris qui rassemble alors les meilleurs compétiteurs français. En 1932, il remporte, avec un star (quillard à deux équipiers) baptisé Tramontane, un premier titre de champion de France, et avec ce même bateau, dispute les jeux Olympiques de Los Angeles. Cette même année, il obtient son diplôme d'architecte après avoir suivi des études aux Beaux-Arts. Taillant ses propres voiles, il devient un spécialiste très recherché. En 1936, il est de nouveau sélectionné sur star pour les jeux Olympiques de Berlin.
C'est en 1941 que Jean-Jacques Herbulot dessine son premier voilier, le Dinghy Herbulot, dériveur inspiré des dinghies anglais de 14 pieds. Après la Seconde Guerre mondiale, il devient, en 1946, architecte de la Ville de Paris, fonction qu'il exercera jusqu'en 1969 dans le XIIIe arrondissement. Après une nouvelle sélection olympique en 1948, il rencontre Philippe et Hélène Vianney, fondateurs du centre nautique des Glénans (îles de Glenan, Finistère). Sa véritable carrière d'architecte naval est en train de naître. Imaginant un dériveur économique pour cette école de voile, Herbulot travaille la technique de construction et crée en 1952 le Vaurien, premier dériveur en contreplaqué construit sans charpente. La taille de ce bateau (4,08 m de longueur et 1,47 m de largeur) est déterminée par celle des plus grandes feuilles de contreplaqué existant sur le marché. Révolutionnaire, le Vaurien devient le voilier emblématique de la plaisance française. Deux ans plus tard, Herbulot crée, toujours pour le centre des Glénans, le Corsaire, voilier habitable de 5,50 m, moitié moins cher que ses concurrents. Ces deux succès entraînent des années très productives pendant lesquelles l'architecte réalise des voiliers pratiques et populaires : la Caravelle (4,60 m), le Maraudeur (4,83 m), le Cap Corse (5,75 m), la Corvette (7 m) ou la Frégate (9,08 m).
Reconnu pour ses travaux de voilerie, et singulièrement pour la coupe en chevrons de ses spis, Jean-Jacques Herbulot met un terme à cette activité après avoir coupé en 1958 les spis d'Evaine et de Sceptre, challengers britanniques de la Coupe de l'America. Privilégiant l'architecture, Herbulot explore les possibilités de la construction en alliage léger (avec le Noroît) et, pour de grosses unités, met au point un système original de construction en feuilles de contreplaqué ployées recouvertes de polyester stratifié (série des Beaufort). Homme discret, l'architecte poursuit avec régularité une œuvre tournée vers une plaisance démocratique, dessinant vers la fin des années 1970 des plans de petits voiliers qui seront construits par des amateurs (Figaro, Velizy II). Lorsqu'il s'éteint à Blois, le 22 juillet 1997, Jean-Jacques Herbulot – quatre sélections olympiques et sept titres de champion de France –, a créé près d'une centaine de plans, laissant un profond sillage dans l'histoire de l'architecture navale et dans les mentalités de la plaisance française.
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Écrit par
- Éric VIBART : diplômé de l'Institut des langues orientales, docteur de troisième cycle en lettres modernes, journaliste, auteur-traducteur
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