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CAMBACÉRÈS JEAN-JACQUES RÉGIS DE (1753-1824) deuxième consul (1799-1804) archichancelier d'Empire (1804)

Né à Montpellier d'une famille de noblesse de robe, conseiller à la cour des aides de Montpellier en 1774, président du tribunal criminel de l'Hérault en 1790, Cambacérès arrive à Paris, député de son département à la Convention, comme juriste compétent, bon vivant notoire et révolutionnaire prudent ; tel il restera durant toute sa vie. Il siège au Marais, vote la mort de Louis XVI en termes volontairement ambigus et s'empresse de voter le sursis (il n'est donc pas exactement un régicide, quoi qu'on ait pu en dire). Il se cantonne dans les travaux du Comité de législation et présente un projet de Code civil. Il ne prend aucune part à la conspiration de Thermidor ; quand, beaucoup plus tard, Napoléon l'interrogera sur Robespierre, Cambacérès aura le courage prudent de lui répondre que le procès a été jugé sans avoir jamais pu être plaidé. Mais, une fois Robespierre abattu, Cambacérès ne sera pas le dernier à profiter du régime thermidorien : il sera le seul, avec Merlin de Douai, à être trois fois membre du nouveau Comité de salut public ; il ne s'y distingue guère que par son assiduité, chaque matin, à « faire préparer bon pot-au-feu, excellent pain et excellent vin pour ne pas succomber sous le poids du labeur » (La Revellière). Il n'est pas impossible qu'il ait été le seul dirigeant de l'époque à s'occuper de près du sort de Louis XVII ; ses allusions, volontairement énigmatiques, voudront du moins le laisser penser.

À sa grande déception, il n'est pas élu parmi les directeurs du nouveau régime ; il rentre plus ou moins dans la vie privée ; en juillet 1799, l'amitié de Sieyès en fait un ministre de la Justice ; en décembre 1799, le ministre de la Justice remplace Sieyès comme deuxième consul.

Talleyrand avait coutume de désigner sobrement les trois consuls par les trois genres du démonstratif latin : hic (masculin) pour Bonaparte, haec (féminin) pour Cambacérès, hoc (neutre) pour Lebrun. Cambacérès ne doit peut-être pas seulement son féminin à ses mœurs homosexuelles notoires, mais à ses docilités. Compétent, il prend une part importante à l'élaboration du Code civil et en rédige le discours préliminaire ; serviable et empressé, il est le premier à pousser à la proclamation du Consulat à vie puis de l'Empire. Napoléon le trouve de bon et discret conseil ; il considère un peu légèrement ce demi-régicide comme le gage d'une persistance de la Révolution dans son régime ; il le comble de titres et de faveurs. En janvier 1814, Cambacérès est nommé le premier au Conseil impérial de régence ; en avril 1814, il est aussi le premier à voter la déchéance de Napoléon ; aux Cent-Jours, il se retrouve archichancelier et ministre de la Justice. Proscrit en 1815, il va vivre à Bruxelles, mais reste en correspondance avec Decazes et obtient son rappel en 1818.

Dans cette vie à la fois somptueuse et creuse, un seul trait permanent : le goût de la bonne vie, et spécialement de la gastronomie ; il ne fallait surtout pas manquer les repas où l'on était convié chez Son Altesse le prince de Parme. Très assoiffé d'égards, Cambacérès était revenu à une pratique religieuse ostentatoire dès le temps du Concordat ; quand il était en exil à Bruxelles, il faisait la joie des autres conventionnels proscrits en allant chaque matin, en culotte courte et bas de soie, entendre la messe à Sainte-Gudule, suivi de deux laquais en grande livrée. Il avait fait de son jeune frère un cardinal archevêque de Rouen.

— Jean MASSIN

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  • CONSULAT

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