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LACOUTURE JEAN (1921-2015)

Jean Lacouture, né le 9 juin 1921 à Bordeaux et mort le 16 juillet 2015 à Roussillon (Vaucluse), fut un journaliste et un biographe prolifique.

Jean Lacouture - crédits : Micheline Pelletier / Gamma-Rapho/ Getty Images

Jean Lacouture

Pendant plusieurs décennies, ses biographies ont habité les bibliothèques des Français, à une époque où l’histoire offrait aux éditeurs leurs plus beaux best-sellers. Jean Lacouture ne se considérait pas comme un historien, mais comme un journaliste, ce qui lui valut sans doute l’indulgence d’une génération d’historiens regardant encore avec méfiance le genre biographique, qui faisait pourtant les délices de ce que l’on appelait alors l’« honnête homme ». Ses livres se lisaient avec passion, même s’ils n’apportaient pas d’éléments radicalement nouveaux à la recherche et ne rentraient pas dans la course aux révélations. Vastes tableaux exhaustifs, ses biographies, construites dans un esprit romanesque, s’attachaient avec empathie aux grands destins : Hô Chi Minh, Malraux, Mauriac, Mendès France, de Gaulle, Germaine Tillion, François Mitterrand… Il aimait éclairer sous un angle inhabituel l’image de personnages qu’il redécouvrait avec ses lecteurs. Il fit, de De Gaulle un « rebelle », à une époque (1984) où les Français se souvenaient surtout d’un président vieillissant chassé par la révolte de la jeunesse de 1968. Dans son Montaigne à cheval (1996), il s’attacha à décrire les actions politiques et diplomatiques d’un homme du xvie siècle, plongé dans l’histoire mouvementée des guerres de Religion. Son Jésuites rappelait l’audace, la modernité et l’engagement des disciples de Loyola (parfois jusqu’au martyre) aux côtés des peuples les plus éloignés du globe. Le foisonnement de sa production ne retirait rien au sérieux de ses recherches et de ses travaux, et ses collaborateurs des éditions du Seuil se souviennent d’un Jean Lacouture exigeant et pointilleux jusqu’aux moindres détails.

Jean Lacouture était le fils d’un chirurgien bordelais. Sa mère, très catholique, lectrice de Bainville, lui a donné le goût des grands destins. Élève des jésuites de Bordeaux, entré à Science Po en 1939, étudiant en droit et en lettres, Jean Lacouture ne s’engage que tardivement dans la Résistance, bien que ses parents soient de fervents soutiens du général de Gaulle. Il se le reprochera. Il rejoint un « petit » maquis en 1944, peu avant le débarquement en Normandie. Mais, en septembre 1944, il se porte volontaire pour intégrer la 2e division blindée du général Leclerc. Après la capitulation allemande, il apprend que Leclerc est désigné pour diriger le corps expéditionnaire en Indochine : « On a demandé des volontaires pour le service de presse du général Leclerc. J’ai levé la main, c’était l’occasion d’être plus près de mon héros. » (entretien à herodote.net) Ainsi commence sa carrière de journaliste, d’abord pour Caravelle, une publication destinée aux troupes, mais aussi pour Paris-Saïgon, qui plaide pour la paix et un accord entre la France et le Viêt-Minh. Et c’est donc en tant que journaliste qu’il a l’occasion de rencontrer Hô Chi Minh et le général Giap à Hanoï. L’accord du 6 mars 1946, par lequel la France reconnaît le Vietnam comme un « État libre », tourne court et la guerre d’Indochine commence. Jean Lacouture revient de son expérience indochinoise avec la certitude de la justesse historique du mouvement anticolonial. « On pourrait me définir comme quelqu’un qui a suivi avec passion la décolonisation. » Il travaille ensuite au service de presse de l’administration française au Maroc et rencontre sa femme Simonne Miollan, journaliste à l’A.F.P., avec laquelle il écrira plusieurs livres.

Il rentre en France en 1949 et devient journaliste pour Combat, puis pour Le Monde, dont il dirige le service outre-mer de 1957 à 1964. En 1961, il lance la collection « L’Histoire immédiate » aux éditions du Seuil.[...]

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Média

Jean Lacouture - crédits : Micheline Pelletier / Gamma-Rapho/ Getty Images

Jean Lacouture

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