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JEAN LE BAPTISTE (mort en 28)

Jean, dit le Baptiste, nous est connu à travers la présentation interprétative, très diversifiée selon les livres, des Évangiles et des Actes des Apôtres. Si sa parenté avec Jésus, sa conception miraculeuse, sa naissance du prêtre Zacharie et de la stérile Élisabeth sont laissées à la seule responsabilité des sources de Luc, par contre, bien des traits évangéliques du personnage concordent avec le témoignage plus neutre de Flavius Josèphe,qui a écrit à son sujet : « Hérode l'avait mis à mort (cf. Marc, vi, et Matthieu, xiv), bien qu'il fût un honnête homme et qu'il eût exhorté les Juifs à mener une vie vertueuse, à pratiquer la justice envers leurs semblables et la piété envers Dieu ; et cela pour s'unir par le baptême. Ainsi c'était là un préliminaire nécessaire pour que le baptême soit agréable à Dieu. Ils ne devaient pas l'employer pour obtenir le pardon des péchés commis, mais comme une purification du corps supposant que l'âme était déjà complètement purifiée par une conduite droite » (Antiquités judaïques, XVIII ; cf. Marc, i ; Matthieu, iii ; Luc, iii, et Jean, i).

La confrontation des récits et discours des Évangiles avec les données de l'histoire contemporaine permet une approche assez précise du personnage de Jean, ascète du désert, baptiste et prophète.

Jean fut probablement le maître ou l'animateur d'un groupe d'ascètes juifs qui, semble-t-il, évoluèrent dans la région méridionale du Jourdain. Sa mission ne peut guère se comprendre que par rapport à divers mouvements qui se manifestèrent au sein du judaïsme palestinien, tandis que le christianisme naissait, et dont il faut exclure les sadducéens, les zélotes et même les pharisiens. Restent alors quelques unités plus ou moins importantes dont le cadre était la vallée du Jourdain ; elles s'y distinguaient par la vie ascétique et l'usage familier du baptême. Les esséniens et les fraternités successives du désert de Juda, que les manuscrits de la mer Morte ont révélées, représentaient probablement le bloc le plus marquant de ce mouvement « spirituel » qui comportait une certaine diversité. Au sein du judaïsme, ces groupes professaient une vraie « spiritualité du désert », avec laquelle les traits de Jean s'accordent bien.

Le baptême de Jean se distingue du baptême juif, qui avait pris une importance croissante. On ne se contente plus de se plonger dans l'eau : c'est Jean en personne qui administre le baptême. Ce détail, retenu par Josèphe et par les évangélistes, lui valut son nom, le Baptiste. Il semble que Jean se soit inspiré du baptême d'initiation lié à l'entrée dans la fraternité, tel qu'on le pratiquait à Qumrān. Cependant, il ne s'agit plus d'entrer dans une communauté particulière, mais dans l'ensemble du groupe des croyants, disposés ainsi à l'attente du Messie. Beaucoup de spécialistes veulent relier le baptême de Jean au baptême des prosélytes, rite d'initiation qui aurait remplacé la circoncision pour les convertis venant du paganisme. Mais il y a à cela deux difficultés : d'une part, le baptême des prosélytes ayant valeur d'initiation semble plus tardif ; d'autre part, Jean baptisait des Juifs de race.

Le personnage de Jean est représentatif de la fonction prophétique d'Israël : son geste baptismal s'inscrit dans le cadre des gestes prophétiques significatifs (I Rois, xxii, 11 ; Isaïe, xx, 2 ; Jérémie, xix, 10 ; etc.) ; il est aussi l'écho des passages prophétiques qui interprétaient l'ablution métaphoriquement (Ézéchiel, xxxvi, 25 ; Psaume LI, 6-11).

La tradition chrétienne précoce, reflétée par les Évangiles, a vu en Jean le prophète unique des temps nouveaux : celui que l'on attendait pour l'âge messianique, lorsque les cieux, fermés, selon la croyance[...]

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