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JEAN LE BLEU, Jean Giono Fiche de lecture

Jean le Bleu est un récit autobiographique de Jean Giono (1895-1920) publié en novembre 1932 chez Grasset. Peu auparavant, plusieurs fragments avaient paru dans des revues, dont « La femme du boulanger » à la NRF. Fils unique d'une famille pauvre de Manosque, Giono a trouvé sa vocation d’écrivain au lendemain de la guerre de 1914-1918, dont le traumatisme fera de lui un pacifiste résolu. Après plusieurs échecs, il rencontre le succès avec Colline (1929), Un de Baumugnes (1929) et Regain (1930), trois romans fortement imprégnés de sa haute Provence natale, qui restera le décor et la source d’inspiration de toute son œuvre.

Le livre, bien accueilli par la critique et le public, sera réédité en 1956, avec une préface dans laquelle Giono nuance la dimension autobiographique du récit. L’un des épisodes, « La femme du boulanger », donnera lieu à une célèbre transposition au cinéma par Marcel Pagnol en 1938, puis à une adaptation théâtrale par Giono lui-même en 1944.

Un récit initiatique

Jean le Bleu se présente sous la forme d’une juxtaposition d’épisodes ou de scènes de l’enfance de l’auteur, annoncés au début de chacun des neuf chapitres qui dessinent une structure en trois temps. Les cinq premiers chapitres se déroulent à Manosque, dans une maison modeste, toute en hauteur, dont le rez-de-chaussée est occupé par la mère, blanchisseuse, et ses ouvrières, et le troisième étage par le père, cordonnier et guérisseur libertaire – il soigne les pauvres et recueille plusieurs jours durant un anarchiste en fuite. Jean connaît ses premiers émois sensuels avec une jeune prostituée, « la fille au musc », qui l’embrasse. Un jour, des musiciens errants aux noms étranges, Décidément et Madame-la-Reine, s’installent dans la maison voisine et l’initient à la musique classique.

Les chapitres six et sept relatent le séjour du jeune garçon à la campagne, à Corbières, chez le berger Massot et sa femme, où ses parents se sont décidés à l’envoyer en pension en raison de sa santé fragile. Lors d’un bref retour dans la maison familiale, il apprend que la fille au musc est morte. Son père lui donne plusieurs livres, dont l’Iliade et la Bible, et lui envoie un mystérieux « homme noir » pour l’accompagner dans ses lectures. Suit une longue évocation de son éveil à la sensualité, au contact d’Anne, une adolescente de son âge, de Rachel, la compagne provocante du baron d’Arboise, de Marguerite ou encore d’Aurélie, la femme du boulanger. On apprend bientôt que celle-ci a quitté brutalement le domicile conjugal pour s’enfuir avec un berger. Devant le désespoir du boulanger, incapable de faire son pain, le curé et l’instituteur partent à la recherche des amants (« C’est bien beau l’amour, mais il faut qu’on mange »), et finissent par ramener Aurélie. L’affaire s’achève sur une bagarre générale entre les villageois, et le berger et ses compagnons.

De retour à Manosque au moment des vendanges, le narrateur retrouve son père vieilli et malade. Dans la maison voisine, les musiciens sont toujours là, mais Décidément est souffrant et va bientôt mourir. Là réside également un couple dont la femme, mexicaine, chante toute la journée. Le bar Au tonneau a désormais un nouveau propriétaire, Gonzalès, dont le mariage avec Clara, une riche propriétaire de la région, offre l’occasion d’un épisode tragicomique : Sophie, la femme du notaire, et la Mexicaine, toutes deux jalouses, se disputent à l’église, en pleine cérémonie, le couteau destiné à tuer le marié ! Au deuxième étage de la maison s’est installé un homme étrange, Francesch Odripano. Il invite l’adolescent et lui raconte des histoires, entre rêve et réalité, qui le transportent dans un univers poétique. Cependant, contraint de subvenir aux besoins de la famille, Jean doit quitter le collège et trouver un emploi dans une banque. La fin du récit prend un tour plus[...]

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  • GIONO JEAN (1895-1970)

    • Écrit par
    • 6 207 mots
    DansJean le Bleu (1932), le désespoir suscite l'émergence de monstruosités et purifie le lyrisme. Dans ce récit d'enfance parfois halluciné, Giono tente de frayer la voie à un « chant », celui des formes où puissent s'exprimer les forces du bas, celles du désir mais aussi celles...