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LINDENMANN JEAN (1924-2015)

Jean Lindenmann - crédits : Photopress Archiv/ Keystone/ Bridgeman Images

Jean Lindenmann

Le microbiologiste suisse Jean Lindenmann fut, en 1957, le codécouvreur – avec le bactériologiste britannique Alick Isaacs (1921-1967) – des interférons, de petites molécules appartenant à la famille des cytokines. Les interférons participent au contrôle de la réponse immunitaire et « interfèrent » avec la réponse cellulaire à une infection par un virus (ou par une bactérie ou un autre agent pathogène) particulièrement en inhibant la réplication du virus.

Jean Lindenmann est né le 18 septembre 1924 à Zagreb, dans le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (aujourd’hui en Croatie) d’un père suisse et d’une mère française. Il rejoint la Suisse dans sa petite enfance, y poursuit ses études et obtient un diplôme de docteur en médecine de l’université de Zurich en 1951, avant de faire un séjour postdoctoral (1952-1956) à l’institut d’hygiène de l’université de Zurich. Il reçoit une bourse pour continuer ses recherches postdoctorales (1956-1957) au National Institute for Medical Research de Londres, où le travail qu’il effectue dans le laboratoire d’Alick Isaacs les conduit à la découverte des interférons : des cellules exposées à des virus morts sécrètent une substance qui tue les virus vivants. Ce travail est publié par les deux chercheurs dans les Proceedings of the Royal Society en 1957. Cette découverte est fondamentale non seulement pour la défense antivirale – bien que les interférons soient trop toxiques pour être utilisés en routine dans la lutte contre les virus – mais de manière plus générale pour la réaction inflammatoire et l’immunité innée. Cependant, les interférons ont des propriétés d’immunomodulation qui les rendent utiles dans des circonstances particulières pour le traitement de certains cancers.

Lindenmann, revenu à Zurich, où il se voit confier un poste d’enseignant à l’Institut d’hygiène, poursuit ses recherches sur les usages potentiels des interférons. Ses travaux sur l’infection des souris par la grippe l’amènent à conclure (non sans réticences initiales, comme il l’admettra plus tard) que des différences dans la production des interférons sont responsables des variations de sensibilité qu’il a trouvées entre des individus de même espèce et qu’ils agissent indirectement dans la défense contre le virus. Cette notion est largement corroborée chez l’homme par l’étude de la génétique des réponses antivirales. Lindenmann a ainsi contribué à l’évolution d’une branche nouvelle de l’immunologie, celle qui concerne le contrôle du système immunitaire par les cytokines, ces petites protéines messagères dont les interférons sont des exemples.

Après avoir occupé brièvement des postes à l’Office fédéral de la santé publique (1960-1962), puis à l’université de Floride (1962-1964), il s’établit définitivement à Zurich en tant que professeur associé (1964-1969), professeur titulaire (1969-1980), directeur (1980-1982) de l’Institut d’immunologie et de virologie et professeur émérite (à partir de 1992). Jean Lindenmann meurt le 15 janvier 2015 à Zurich.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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