STEINBERG JEAN-LOUIS (1922-2016)
Observer les corps célestes depuis l’espace
Steinberg revient alors à l’étude du Soleil : il veut savoir si les sursauts radio émis par cet astre sont directifs ou omnidirectionnels. Pour cela, il fait embarquer à bord de la sonde spatiale soviétique Mars-3, lancée le 28 mai 1971, un récepteur radio observant simultanément avec les instruments de Nançay : c’est l’expérience Stéréo-1, qui montre pour la première fois que certains types de sursauts sont directifs et d’autres non, précisant ainsi leur origine. Une expérience semblable, à plus basse fréquence, est placée sur la sonde soviétique Mars-7 en 1973. Puis le laboratoire disposera des récepteurs radio à des fréquences variées sur de nombreux véhicules spatiaux (sondes ISEE-1, 2 et 3 ; Wind ; Ulysses et Cassini) pour l’étude de l’émission radio du Soleil, des planètes, de la magnétosphère de la Terre. Le dernier article scientifique de Steinberg, en 2003, concerne la propagation dans la magnétosphère et le vent solaire des ondes kilométriques émises par la Terre et découvertes en 1988 par son équipe.
L’un des grands mérites de Jean-Louis Steinberg est d’élargir l’activité spatiale à d’autres domaines : la planétologie et les techniques de l’infrarouge, la structure interne des étoiles et les exoplanètes. Il contribuera, compte tenu des capacités instrumentales avancées du laboratoire spatial, à l’instrumentation de grands télescopes au sol et en particulier au développement de l’optique adaptative. Le département spatial est devenu, grâce à lui, une composante majeure de l’Observatoire de Paris.
Parallèlement à ses travaux scientifiques, Jean-Louis Steinberg devient, en 1962, rédacteur en chef des Annales d’astrophysique, revue astronomique française. Aidé par son épouse Madeleine, il y œuvre avec enthousiasme. Après quelque temps, ils comprennent que, la revue n’étant pas diffusée à l’étranger, les résultats obtenus par les chercheurs français sont méconnus. Les astronomes néerlandais Stuart Pottasch et Jan Hendrik Oort, et Jean-Louis Steinberg réussissent à réunir les différents journaux professionnels européens de ce domaine pour créer en 1969 une revue unique : Astronomy & Astrophysics. Pendant cinq ans, Steinberg est l’un des deux rédacteurs en chef. Le succès de cette nouvelle revue, aujourd’hui l’une des quatre plus importantes du monde en astronomie, témoigne de son sens visionnaire.
Steinberg est décédé le 21 janvier 2016, à l’âge de quatre-vingt-treize ans. On ne peut évoquer cette personnalité sans penser à sa terrible expérience de la déportation. Conscient d’être un des derniers rescapés des camps de concentration, il a consacré ses dernières années à évoquer la Shoah dans les écoles et transmettre la mémoire des déportés aux enfants. Avec lui disparaît un grand scientifique et humaniste.
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Écrit par
- Michel COMBES : astronome de l'Observatoire de Paris
- James LEQUEUX : astronome émérite à l'Observatoire de Paris
Classification
Média
Autres références
-
ASTRONOMY & ASTROPHYSICS, revue
- Écrit par James LEQUEUX
- 572 mots
- 1 média
En janvier 1969, la revue scientifique européenne Astronomy and Astrophysics (A&A) voit le jour avec la publication de son premier numéro sous l’impulsion des astronomes français Jean-Louis Steinberg (1922-2016), et néerlandais Stuart Pottasch (1932-2018) et Jan Hendrik Oort (1900-1992). Ceux-là...