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TRINTIGNANT JEAN-LOUIS (1930-2022)

Jean-Louis Trintignant - crédits : Patrick Jacob/ Opale.photo

Jean-Louis Trintignant

Le jeune Trintignant qui interprète en 1956 le timide amoureux de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme, de Roger Vadim, exprime parfaitement la discrétion que montre cet acteur subtil, séduisant et volontiers déconcertant. De cet apparent effacement, il sut par la suite faire un masque capable de révéler les passions les plus contradictoires.

Un jeune homme timide

Né à Piolenc (Vaucluse), le 11 décembre 1930, Jean-Louis Trintignant est le fils d'un industriel, maire SFIO puis radical-socialiste, résistant et incarcéré pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est aussi le neveu du coureur automobile Maurice Trintignant, dont il rêvera un temps de suivre les traces. Durant ses études secondaires, il se passionne pour la littérature, surtout la poésie, et en particulier Jacques Prévert. Sa mère l’emmène fréquemment au théâtre. Il commence, sans passion, des études de droit à Aix-en-Provence mais, en 1949, une représentation de L'Avare par Charles Dullin l'incite à « monter à la capitale ». Il n’y suivra pas les cours de Dullin, qui meurt cette même année. Malgré une timidité maladive et un accent du Midi prononcé, il débute au théâtre en 1951 à Paris. Deux ans plus tard, il est remarqué dans Responsabilité illimitée, pièce de Robert Hossein sur l’antisémitisme. Le jeune Trintignant correspond parfaitement au personnage : « Un adolescent silencieux, buté, fermé. » La carrière de réalisateur de cinéma le tente un moment et il fait un bref passage à l'IDHEC. Il apparaît en 1956 dans Si tous les gars du monde, de Christian-Jaque, et dans La Loi des rues, de Ralph Habib. Après le succès que connaît EtDieu créa la femme, puis deux années de service militaire en Algérie dont il conserve un souvenir atroce, il revient au théâtre dans le rôle d'Hamlet. C'est encore Vadim qui lui donne une nouvelle chance au cinéma avec son adaptation des Liaisons dangereuses (1959), où il campe le personnage du naïf chevalier Danceny. Dès lors, il interprétera quelque cent trente films et téléfilms de genres très variés. Il travaille essentiellement en France, mais fréquemment aussi en Italie, à partir de 1969, avec Valerio Zurlini pour Un été violent, puis Le Désert des Tartares ( 1976), ainsi que Dino Risi (Le Fanfaron, 1962), Bernardo Bertolucci (Le Conformiste, 1970), Luigi Comencini (La Femme du dimanche, 1976), Ettore Scola (La Terrasse, 1980 ; Passion d'amour, 1981 ; La Nuit de Varennes, 1982).

Avec Anouk Aimée, il forme le couple pathétique et émouvant d'Un homme et une femme, emporté dans le tourbillon de la mise en scène, alors très surprenante, de Claude Lelouch. Le film recueille un immense succès et obtient la palme d'or du festival de Cannes en 1966. Jean-Louis Trintignant devient une star du cinéma français. Il travaille fréquemment avec Lelouch (Le Voyou, 1970 ; Viva la vie, 1984 ; Partir, revenir, 1985 ; Un homme et une femme, vingt ans déjà, 1986). Mais c'est un autre type de jeu, entièrement soumis à l'image et dénué de toute psychologie – dans le prolongement esthétique du « nouveau roman » – qu'il adopte dans les expérimentations teintées d'érotisme glacé d'Alain Robbe-Grillet : Trans-Europe-Express (1966), L'Homme qui ment (1968), Glissements progressifs du plaisir (1974), Le Jeu avec le feu (1975). Lorsque, dans le sillage de Mai-68, le cinéma français se politise, Trintignant incarne, entre autres, le « petit juge » qui dévoile la trame d'un assassinat politique dans Z, de Costa-Gavras (1969) ou le journaliste manipulé de L'Attentat, d'Yves Boisset (1972), inspiré de l'affaire Ben Barka. Naïf banquier entré en rébellion dans L'Argent des autres, de Christian de Chalonge (1978), il interprète tout aussi bien un extrémiste de droite dans Le Combat dans l'île (1962), d'Alain Cavalier[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Jean-Louis Trintignant - crédits : Patrick Jacob/ Opale.photo

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