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DABADIE JEAN-LOUP (1938-2020)

Le Français Jean-Loup Dabadie fut à la fois scénariste, dialoguiste, parolier, écrivain, auteur de théâtre et de sketchs. Homme courtois, drôle et élégant, il sut manier les arts dits simples et légers, jusqu’à les mener à l’Académie française, où il fut élu en 2008 – une première pour la vénérable institution. Tout au long d’une carrière récompensée par de multiples trophées (grand prix du cinéma de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre en 1983, grand prix SACEM de la chanson française en 2000, prix Raymond-Devos de la langue française en 2004…), ce créateur touche-à-tout mit son talent au service du chef de file de la nouvelle vague, François Truffaut (Une belle fille comme moi, 1972), tout en tricotant des chansons sur mesure pour Michel Polnareff, Julien Clerc ou encore Michel Sardou.

Jean-Loup Dabadie naît à Paris le 27 septembre 1938. Il est le fils de Marcel Dabadie, parolier pour les Frères Jacques, Maurice Chevalier et Tino Rossi. Le jeune homme, élevé par ses grands-parents à Grenoble, va garder de cette famille aisée l’amour des mots. Après un baccalauréat français-latin-grec obtenu avec mention bien à l’âge de quinze ans, il s’inscrit en hypokhâgne et khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris et décide de se consacrer à l’écriture. Sa mère tape à la machine à écrire son premier roman, Les Yeux secs, dont l’action se situe sur l’île de Ré, chère à l’auteur. Il est publié au Seuil en 1958, suivi des Dieux du foyer un an plus tard. Ces deux publications sont des échecs commerciaux qui amènent le jeune homme à se tourner vers le journalisme. Il est critique de cinéma pour la revue Arts, avant que Pierre Lazareff, le puissant patron de France-Soir, devienne son mentor et lui confie une chronique dans l’hebdomadaire Le Nouveau Candide.

Mais le jeune auteur, qui écrit aussi pour la revue Tel Quel, est fasciné par la télévision. Il rejoint en 1962 l’équipe du novateur Jean-Christophe Averty, qui compte parmi elle un jeune humoriste de gauche, Guy Bedos. Alors qu’il effectue son service militaire dans un régiment de parachutistes, Jean-Loup Dabadie envoie des textes à Bedos, dont « Bonne Fête Paulette » et « Le Boxeur », qui préparent le succès absolu de « La Drague », interprété avec Sophie Daumier. Fidèle à Bedos, Jean-Loup Dabadie creusera le filon de l’humour en écrivant des sketchs pour Sylvie Joly, Jacques Villeret, Muriel Robin ou encore Pierre Palmade. Il se tourne également vers l’écriture théâtrale. En 1967, Pierre Brasseur met en scène sa première pièce, La Famille écarlate, au Théâtre de Paris. Par la suite, Dabadie adapte en français plusieurs autres pièces : Le Vison voyageur (1969), Madame Marguerite (1974) et Double mixte (1986). Il est alors, selon les termes de son ami François Truffaut, « un écrivain de spectacles ».

En 1965, Jean-Loup Dabadie vient au cinéma en écrivant les dialogues de La Tête du client, puis de Carré de dames pour un as de Jacques Poitrenaud. En 1970, il commence une carrière de scénariste et, pendant quatre ans, travaille essentiellement avec le réalisateur Claude Sautet. Ensemble, et en collaboration avec l’écrivain Claude Néron, ils écrivent Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie et Vincent, François, Paul et les autres, grands classiques illuminés par Romy Schneider et Michel Piccoli, qui qualifie Dabadie d’« auteur mélancomique ». Car, à côté des accents mélodramatiques déployés chez Sautet, l’auteur s’essaie à la comédie populaire en compagnie d’Yves Robert, avec qui il écrit le scénario d’Un éléphant ça trompe énormément (1976) et Nous irons tous au paradis (1977). Dabadie apportera sa touche, élégante et subtile, à une vingtaine de films, dont ceux de Claude Pinoteau (La Gifle en 1974, La Septième Cible en 1984), et des[...]

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