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MÉLENCHON JEAN-LUC (1951- )

Homme politique français, Jean-Luc Mélenchon a occupé de multiples mandats, locaux, nationaux et européens. Ses options idéologiques et sa forte personnalité ont fait de lui une figure de la gauche.

La trajectoire de Jean-Luc Mélenchon est paradoxale. Alors que pour nombre d'hommes politiques l'empreinte du temps se traduit par un assagissement idéologique, son engagement partisan se révèle toujours plus critique et paraît s'ancrer toujours un peu plus à la gauche de l'échiquier politique. Dans le même temps, sa carrière et son parcours politiques n'en suivent pas moins un cheminement des plus classiques.

Le professionnel de la politique

Comme d'autres élus de gauche de stature nationale, Jean-Luc Mélenchon a fait ses premiers pas en politique avec un engagement de jeunesse dans le monde associatif et syndical. Né le 19 août 1951 à Tanger d'une mère institutrice et d'un père télégraphiste pied-noir, il subit avec sa famille le choc du rapatriement, en 1962. Il se signale par son activisme lycéen en mai 1968 à Lons-le-Saunier (Jura), puis comme membre de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF). Rallié à l'Organisation communiste internationaliste (OCI), il est hostile à la conversion du syndicat étudiant en mouvement de masse, alors souhaitée par la Ligue communiste et le PSU. Après la scission de l'UNEF au début des années 1970, il obtient des responsabilités locales puis nationales au sein de l'UNEF-Unité syndicale. Il devient également le responsable de l'OCI à Besançon et s'emploie à promouvoir cette organisation dans le Jura. À la faveur de cet apprentissage des combats étudiants et dans le contexte de la grève à l'usine Lip qui eut un fort retentissement national, Jean-Luc Mélenchon va développer un savoir-faire organisationnel et un talent d'animateur syndical qui le suivront tout au long de sa carrière. Son engagement dans la profession politique va en tout cas vite pouvoir se préciser en s'alimentant de ces expériences. À l'issue d'études de lettres modernes et de philosophie, il hésite un temps entre l'enseignement et le journalisme, des antichambres on ne peut plus classiques de l'entrée en politique. Le Parti socialiste (PS) – auquel il adhère en 1977 – vient d'être reconstruit par François Mitterrand et commence à créer des difficultés électorales au Parti communiste français (PCF). Pour reprendre une distinction faite par Max Weber dans Le Savant et le Politique en 1919, c'est à cette époque que le militant vivant pour la politique va finir par vivre de la politique en devenant directeur de cabinet de Claude Germont, maire de Massy et membre du bureau exécutif du PS en charge du secteur entreprise.

Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon brigue avec succès des responsabilités politiques départementales. Il accède ainsi au poste de premier secrétaire de la fédération socialiste de l'Essonne en 1981 en se faisant le défenseur du courant mitterrandiste. Deux ans plus tard, il est élu conseiller municipal de Massy (il sera propulsé adjoint au maire en 1989). Cet investissement électoral est le premier d'une longue série. Jean-Luc Mélenchon va en effet ajouter à ce mandat celui de conseiller général de Massy-Ouest dès 1985, et il deviendra vice-président du département de 1998 à 2000. Entre-temps, il est élu en septembre 1986 sénateur de l'Essonne. L'apogée de cette stratégie de cumuls des mandats intervient en mars 2000, époque où Lionel Jospin le choisit comme ministre délégué à l'Enseignement professionnel. On lui doit une réforme des Certificats d'aptitude professionnelle (CAP), l'adoption d'un système de validation des acquis de l'expérience et la mise en place des lycées de métier.

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Écrit par

  • : maître de conférences en science politique à l'université de Paris-X-Nanterre, membre du Groupe d'analyse politique
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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