MÉLENCHON JEAN-LUC (1951- )
Vers le leadership à gauche
Après l'échec historique du candidat socialiste Benoît Hamon à l’élection présidentielle de 2017 (6,36 % des voix au premier tour), Jean-Luc Mélenchon est susceptible de prétendre au leadership à gauche. Mais en 2018, dans le cadre de l’enquête préliminaire sur ses comptes de campagne, ses réactions virulentes à une perquisition ordonnée par le parquet à son domicile et dans les locaux de LFI, suscitent une large réprobation et lui valent une condamnation à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour « rébellion » et « intimidation envers des magistrats et des dépositaires de l’autorité publique ». Cet événement ternit durablement son image et occulte le rôle non négligeable qu’il tient à la tête de son groupe parlementaire de 17 députés à l’Assemblée nationale, où LFI parvient à s’affirmer comme le principal opposant à la politique gouvernementale. Pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon maintient en effet sa stratégie qui vise à faire de LFI la première force d'opposition à gauche, tout en rejetant plusieurs tentatives de rapprochement des gauches dans lequel son mouvement n'aurait pas le rôle central. Cette stratégie s'avère payante puisqu'il obtient la troisième place à l'élection présidentielle d'avril 2022, avec 21,95 % des suffrages exprimés. Les résultats catastrophiques de ses concurrents (4,65 % pour le candidat écologiste, 2,28 % pour celui du PCF et surtout 1,75 % pour celle du PS) font subitement de lui le leader incontestable de la gauche française.
Après avoir appelé les Français à l'« élire Premier ministre » aux législatives de juin 2022, il construit en quelques jours une union des gauches, jusque-là impensable, autour de son nom et de son mouvement. Celle-ci, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), parvient à un accord électoral dominé par LFI, ainsi qu'à la rédaction d'un « programme partagé de gouvernement », en vue des élections législatives. La NUPES entend rompre avec le néo-libéralisme économique et avec le respect d'une partie des traités européens. Elle regroupe plusieurs formations de gauche et de l'écologie politique, dont Europe Écologie-Les Verts, le PCF et le PS, qui renonce ainsi (non sans quelques grincements de dents) à l'héritage « social-démocrate » de François Hollande. Même si Jean-Luc Mélenchon – qui a choisi de ne pas briguer un nouveau mandat de député – ne parvient pas à se faire « élire Premier ministre », il devient le principal artisan de la percée historique d'une gauche réconciliée autour de son mouvement aux législatives. Car c'est bien à ses nombreuses années de combat pour construire un mouvement politique « à la gauche de la gauche » que l'alliance de la NUPES doit de devenir la principale force d'opposition de l'Assemblée nationale de juin 2022. Sans mandat électif depuis lors, Jean-Luc Mélenchon n'en conserve pas moins une grande influence sur la gauche française.
(Voir également : France, chronologie contemporaine)
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Écrit par
- Éric PHÉLIPPEAU : maître de conférences en science politique à l'université de Paris-X-Nanterre, membre du Groupe d'analyse politique
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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