AYRAULT JEAN-MARC (1950- )

Homme politique français, Premier ministre de 2012 à 2014.

La nomination de Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre, le 15 mai 2012, a consacré une carrière politique commencée plus de trente ans auparavant. Ne comptant jusque-là aucune expérience gouvernementale, la trajectoire du chef du gouvernement français est à bien des égards représentative d'une génération de grands élus socialistes qui ont participé aux premiers succès électoraux du parti dans les années 1970 et se sont professionnalisés en politique jusqu'à devenir des « barons » locaux. Le parcours politique de Jean-Marc Ayrault s'inscrit aussi dans le mouvement qui a vu nombre de militants de culture catholique rejoindre le Parti socialiste (PS) et contribuer à son ancrage électoral dans un Ouest de la France historiquement conservateur.

De la professionnalisation politique à la constitution d'un fief électoral

Né en 1950 à Maulévrier (Maine-et-Loire), d'un père ouvrier agricole, puis ouvrier dans une usine textile où il accédera au statut de cadre, et d'une mère couturière, tous deux catholiques pratiquants, Jean-Marc Ayrault fréquente l'école primaire catholique dans une région où elle est hégémonique, aux confins des Deux-Sèvres, de la Vendée et du Maine-et-Loire. Il poursuit sa scolarité comme pensionnaire au lycée public de Cholet, obtient son baccalauréat en 1968 et poursuit des études d'allemand à l'université de Nantes. C'est au cours de ces années qu'il voit s'affermir ses dispositions militantes et ses convictions politiques, en devenant membre du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne et de la Jeunesse ouvrière chrétienne, organisations progressistes marquées, comme le milieu estudiantin qu'il fréquente, par l'effervescence intellectuelle et politique des années 1960. Il s'éloigne néanmoins de la mouvance chrétienne en 1970, obtient une licence en 1971 et, la même année, se rapproche de la Convention des institutions républicaines (CIR) dirigée par François Mitterrand. Il est invité dans ce cadre à participer au congrès d'Épinay au cours duquel la CIR se dissout dans le Parti socialiste refondé. Jean-Marc Ayrault opte alors pour le courant dirigé par Jean Poperen, et restera fidèle jusqu'au début des années 1990 à cet ancien membre du Parti communiste incarnant la gauche du PS.

Après avoir obtenu le CAPES en 1972, Jean-Marc Ayrault est nommé en 1973 professeur dans un collège de Saint-Herblain, ville de la périphérie nantaise en pleine expansion. Il adhère à la section socialiste de la ville qui se développe elle aussi très rapidement, et en devient le secrétaire dès 1974. Il est élu conseiller général de Loire-Atlantique en 1976, puis remporte en 1977 la mairie de Saint-Herblain face au sénateur-maire RPR, Michel Chauty, continuellement réélu depuis 1959, devenant alors le plus jeune maire de France d'une commune de plus de 30 000 habitants. Cette performance lui permet d'être remarqué dans les instances nationales du PS dont il rejoint le comité directeur en 1979, puis le bureau exécutif en 1981. Réélu en 1983 à la mairie de Saint-Herblain, il accède à la députation en 1986 – il sera systématiquement réélu jusques et y compris en 2012 –, et s'impose comme la principale figure socialiste de Loire-Atlantique. Il brigue donc naturellement la mairie de Nantes en 1989 et l'emporte dès le premier tour. Les nombreuses réalisations d'aménagement urbain, en faveur des transports publics ou de la vie culturelle, qu'il mène à leur terme ou met en œuvre lui vaudront d'être successivement réélu en 1995, 2001 et 2008. Parallèlement, il s'investit activement dans le développement de Nantes Métropole, sixième communauté urbaine de France, qu'il préside à partir de 2001.