AYRAULT JEAN-MARC (1950- )
L'ascension vers les responsabilités politiques nationales
Malgré ce solide ancrage local, Jean-Marc Ayrault se voit souvent reprocher une personnalité trop lisse pour s'imposer tant dans les médias que sur la scène politique nationale. Pourtant, il se constitue dès le début des années 1990 le capital politique qui lui permet d'approcher progressivement des positions de pouvoir nationales : en prenant la présidence de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains en 1992, en devenant le président de l'Association des maires des grandes villes de France en 1995 et, surtout, en se rapprochant de personnalités socialistes centrales telles que Michel Rocard, avant de soutenir la candidature de Lionel Jospin à l'investiture socialiste pour l'élection présidentielle de 1995, dont il sera le porte-parole de campagne. Ainsi, lorsque ce dernier devient Premier ministre en 1997, il choisit Jean-Marc Ayrault pour occuper la fonction, stratégique en période de cohabitation, de président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. S'appliquant à faire respecter par les députés une discipline et une ligne collectives, tout en ménageant les ambitions personnelles et les équilibres politiques, Jean-Marc Ayrault réussit si bien dans cette fonction qu'il sera systématiquement reconduit jusqu'en 2012. Pendant cette législature Jospin débute une étroite collaboration avec François Hollande, alors premier secrétaire du PS, qui durera jusqu'en 2008 lorsque ce dernier quitte la tête du parti, et se noue la relation de confiance qui lui permettra de s'imposer en 2012 face aux autres prétendants putatifs à Matignon.
Sa nomination au poste de Premier ministre apparaît finalement comme une revanche sur ceux de ses adversaires qui décrivaient en lui un notable provincial sans grande envergure. Car c'est justement en accumulant une longue expérience du fonctionnement des différents échelons institutionnels, et une profonde connaissance des arcanes et des acteurs du jeu politique que Jean-Marc Ayrault est parvenu à la tête du gouvernement.
Un profond sentiment de flottement s’installe cependant dans le pays pendant toute la durée du ministère Ayrault. L’autorité du gouvernement est rapidement minée par les confrontations entre les ministres, l’indécision qui semble émaner des deux têtes de l’exécutif et l’incompréhension que suscite la politique économique et fiscale du gouvernement, en butte à des oppositions auxquelles il cède souvent sans négociation (révolte fiscale des « bonnets rouges » en Bretagne, des entrepreneurs regroupés sous le nom de « pigeons » ou de « poussins »…). L’effet désastreux des mauvais chiffres du chômage n’est pas compensé par l’annonce par François Hollande, en janvier 2014, d’un « pacte de responsabilité » (baisse des charges des entreprises en échange de promesses d’embauche) destiné à relancer l’économie. Le lendemain de la défaite de la gauche aux municipales de mars 2014, Jean-Marc Ayrault présente sa démission au président de la République qui annonce, le 31 mars, la nomination de Manuel Valls à la tête du gouvernement. Il revient aux affaires à la faveur du remaniement de février 2016, remplaçant au Quai d’Orsay Laurent Fabius, avec le titre de ministre des Affaires étrangères et du Développement international, poste qu’il occupe jusqu’en mai 2017. Il est nommé par le président Emmanuel Macron, en avril 2018, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, qui sera créée quelques mois plus tard. Il devient en 2022 président de la fondation Jean-Jaurès.
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Écrit par
- Blaise MAGNIN : politiste
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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