PELT JEAN-MARIE (1933-2015)
Pharmacien, botaniste et écologiste de la première heure, le Français Jean-Marie Pelt a surtout été un grand vulgarisateur, transmettant avec passion son savoir lors de nombreuses conférences ou dans ses multiples ouvrages, consacrés pour la plupart aux plantes et à l’écologie.
Né le 24 octobre 1933 à Rodemack (Moselle), Jean-Marie Pelt obtient son doctorat de pharmacie en 1959 à l’université de Nancy, puis son agrégation de pharmacie en 1961. Il enseigne ensuite, de 1962 à 1972, la matière médicale, la botanique et la physiologie végétale à la faculté de pharmacie de Nancy, puis, de 1972 à 1993 (année de sa retraite), à la faculté des sciences de Metz. Il participe également à de très nombreuses missions de terrain à l’étranger, en particulier en 1967 au Togo pour l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (O.R.S.T.O.M., qui deviendra en 1998 l’Institut de recherche pour le développement, I.R.D.) où il se passionne pour les thérapeutiques traditionnelles. Il se rend en Amazonie et en Afghanistan à plusieurs reprises et publie de nombreux articles scientifiques consacrés à l’écologie végétale et aux pharmacopées traditionnelles. Il a aussi été président d’honneur de la Société française d’ethnopharmacologie et, les dernières années de sa vie, professeur honoraire de l’université Paul-Verlaine (Metz).
Parallèlement à son parcours scientifique, il a mené une vie d’élu local actif comme maire adjoint de la ville de Metz (1971-1983) où il a contribué à des restaurations urbaines majeures et joué un rôle important dans la promotion du concept d’écologie urbaine.
La défense de l’environnement a été le combat de Jean-Marie Pelt. Il fonde, à Metz, en 1971, l’Institut européen d’écologie (I.E.E.), qu’il préside jusqu’à sa mort le 23 décembre 2015. En 1977, il écrit, dans son ouvrage L’Homme renaturé : « Il paraît chaque jour plus évident que la croissance économique ne se poursuit qu’au prix d’une décroissance écologique, tout comme une tumeur cancéreuse ne s’alimente qu’au détriment de l’organisme qu’elle épuise : dans les deux cas, le bilan final est désastreux. »Jean-Marie Pelt s’est toujours opposé aux organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) ; il cofonde, en 1999, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen) dont il sera le secrétaire général. Grand défenseur de l’agriculture biologique, il s’est battu contre l’usage inconsidéré des pesticides.
Jean-Marie Pelt aimait partager son savoir. Il sortait de son laboratoire pour participer à des émissions et des documentaires télévisés, telle L’Aventure des plantes, pour intervenir à la radio ou lors de conférences, mais aussi pour rédiger ses multiples ouvrages destinés à un large public et concernant l’histoire des plantes, l’évolution et l’écologie. Chrétien pratiquant, il a souvent abordé la question des relations entre science et religion.
Jean-Marie Pelt écrivait en 1997 dans Plantes en péril : « ... elles s’éteignent dans un silence assourdissant [...] annonce-t-on à la télévision l’agonie ou le trépas d’une espèce végétale... ? » C’était un homme de conviction, scientifique engagé, passeur d’idées et humaniste. Infatigable auteur et conférencier, il était extraordinaire en raison de sa force de conviction et sa capacité à s’émerveiller, s’enthousiasmer et s’indigner. Il a été à la fois impliqué dans la science et sa transmission au plus grand nombre. Auteur d’une soixantaine d’ouvrages, il avait publié, en 2014, avec Pierre Rahbi, Le monde a-t-il un sens ?
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Écrit par
- Gilles BOEUF : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Média