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POIRÉ JEAN-MARIE (1945- )

Né en 1945, fils d'Alain Poiré, producteur au sein de la Gaumont de 1942 à la fin des années 1990 (on trouve son nom au générique de plus de 160 films), Jean-Marie Poiré intègre tout naturellement la firme à la marguerite où, non sans travailler à l'occasion pour d'autres sociétés de production, il va réaliser une carrière à l'américaine d'auteur-producteur-réalisateur de la seule major française comparable à celles d'Hollywood. Il sera tour à tour opérateur des Actualités, assistant réalisateur (de Claude Autant-Lara, Édouard Molinaro, Gérard Oury), scénariste (de Georges Lautner, Michel Audiard). Il s'échappe aussi de la Maison pour chanter le rock dans le groupe Les Franchies (sous le pseudonyme de Martin Dune) et faire des photos de mode (sous le nom d'Antonin Berg).

Depuis 1977 (Les Petits Câlins), il a réalisé quelques unes des plus grosses recettes du dernier quart de siècle dans le créneau majeur du cinéma commercial français : la comédie. D'abord avec l'équipe du Splendid : Christian Clavier, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte et Martin Lamotte, auxquels il faut ajouter Gérard Jugnot, se retrouvent dans Le Père Noël est une ordure (1982) puis dans Papy fait de la Résistance (1983), C. Clavier et M. Lamotte également dans Twist again à Moscou (1986). Le succès du Père Noël et de Papy tient à un pari réussi : traiter en farce burlesque S.O.S. amitié et la Résistance, tandis que l'antisoviétisme « primaire » de Twist again, moins porteur, connaît un relatif échec. Poiré est également parvenu à situer son comique au confluent de la tradition du Boulevard (situations et mécanique de l'intrigue) et de l'agressivité de ton qui caractérisait la nouvelle génération du Café Théâtre. Il a su mélanger en outre les comédiens venus de ces deux courants au départ antagonistes (ainsi de Michel Galabru au milieu de la troupe des jeunes de Papy fait de la Résistance, ou de Philippe Noiret dans Twist again à Moscou).

La même recette est à la base de L'Opération Corned Beef (1991) avec le duo Christian Clavier-Jean Reno (venu de chez Luc Besson). Mais la machinerie est lourde et l'action prime sur les personnages. Par contre, les deux compères adoptent le bon tempo l'année suivante dans Les Visiteurs : Jacquouille et Godefroy se trouvent propulsés par un enchanteur malhabile du haut Moyen Âge au xxe siècle, et au sommet du box office (14 millions de spectateurs). Suivront logiquement Les Visiteurs 2/Les Couloirs du temps (1998) et même Les Visiteurs en Amérique (Just Visiting, 2001). Au lieu de vendre les droits d'un remake, de le réaliser lui-même ou d'en tourner une suite, Poiré adapte principe et personnages au contexte américain, ce qui produit une typique comédie US « bas de gamme », suivie par le ratage complet de Ma femme s'appelle Maurice (2002).

— René PRÉDAL

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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