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ROUART JEAN-MARIE (1943- )

Jean-Marie Rouart est né à Neuilly-sur-Seine, le 8 avril 1943, dans une famille d'artistes peintres. Il est le petit-neveu de Julie Manet, fille de Berthe Morisot et d'Eugène Manet, le petit-fils des peintres Henri Rouart et Henry Lerolle et le fils d'Augustin Rouart. Après avoir conduit des études de lettres, il entame en 1967 une carrière de journaliste au Magazine littéraire. Elle se poursuivra au Figaro comme journaliste politique, puis au Quotidien de Paris. Après avoir été directeur du Figaro littéraire de 1986 à 2003, il collabore à Paris-Match.

Pour Jean-Marie Rouart, l'écriture ne saurait être que la peinture de la vie. Errant depuis l'enfance dans le souvenir des artistes que furent ses ascendants, il a voulu éviter de tomber dans ce mal mystérieux qui accable les siens, l'hystérie et la folie : « J'avais trouvé le remède : le roman. Je voulais réécrire la réalité, échapper à la peinture, cette monomanie familiale, écrite à l'ombre despotique de Degas. Je voulais fuir. »

Le roman Une jeunesse à l'ombre de la lumière (2000) conte ainsi la destinée tragique de Léopold Robert, peintre du début du xixe siècle et amant malheureux de la princesse Charlotte Bonaparte. Parallèlement, il s'agit aussi du récit autobiographique de la jeunesse humble du narrateur, au sein d'une famille bourgeoise, vivant au milieu des tableaux de Manet, de Berthe Morisot, de Degas, de Renoir et des manuscrits de Valéry. Le narrateur évoque son père peintre qui lui non plus ne semble pas doué pour la vie. La mémoire enfantine est griffée de dépressions, de tableaux décrochés vendus à des Américains et de « taches blanches qu'ils laissent sur les murs et le malaise dans le cœur ». Le roman Nous ne savons pas aimer (2002) fait à son tour allusion à cette enfance troublée qui, malgré tout, forge une indifférence qui préserve de la folie. Dès l'âge de quatre ans, le garçonnet est confié jusqu'à ses sept ans à un couple – modeste mais aimant – de pêcheurs de l'île de Noirmoutier. Le dénuement de cette famille en alternance ouvre l'enfant à la conscience sociale, en même temps qu'il favorise une aptitude à frayer avec le merveilleux.

Pour échapper à l'angoisse, les destins singuliers préfèrent l'imaginaire et l'art de raconter. La littérature fait intercession, elle est un guide bienveillant pour comprendre toute existence, pressentie à la fois comme sublime et décevante. Car elle permet de ressaisir « ... la vie qui se dérobe. Cette vie dont on attendait tout » (La Noblesse des vaincus, 1997). À l'intérieur d'une fascination de l'échec clairement assumée –  l'essai Ils ont choisi la nuit (1985) porte sur les écrivains qui se sont donné la mort –, l'homme de lettres revient constamment à l'amour, cette passion éphémère qui donne un goût d'éternité, cette maladie de l'âme aliénante et soumise au désir de l'autre.  Jean-Marie Rouart avoue ne s'intéresser qu'à l'énigme du cœur, ce pont mystérieux qui le conduit à lui-même, en une sorte d'initiation qui ne se termine jamais. Nombre de ses romans ne traitent finalement que des rencontres féminines éphémères, ou bien de l'attachement pathétique à une seule femme (La Guerre amoureuse, 2011). Dès Les Feux du pouvoir (1977, prix Interallié) l'amant malheureux met en scène ses désastres personnels et professionnels. Sous l'orchestration romanesque, on voit apparaître en filigrane des épisodes vécus, le monde du journalisme et de la politique. Le goût du portrait fait aussi le prix de Ne pars pas avant moi (2014).

La passion de l'Histoire est un autre trait de l'œuvre de Jean-Marie Rouart. Elle se porte volontiers sur des personnages hors normes (Morny, un voluptueux au pouvoir, 1995 ; Bernis,[...]

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