TARASCON JEAN-MARIE (1953- )
Les travaux du lauréat de la médaille d’or du CNRS 2022
En 1995, Jean-Marie Tarascon quitte les États-Unis pour rejoindre l’université de Picardie Jules-Verne, à Amiens, où on lui propose de prendre la direction du laboratoire de réactivité et chimie du solide, et d’occuper un poste de professeur de classe exceptionnelle, lui donnant pour la première fois l’opportunité d’enseigner.
De là, Jean-Marie Tarascon initie en 2003 la création du réseau d’excellence européen Alistore-ERI (European Research Institute), puis, en 2011, celle du Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie (RS2E). Ce dernier regroupe dix-sept laboratoires académiques, un centre de recherche technologique et d’intégration et un club d’industriels. Il permet le développement de la batterie sodium-ion (Na-ion), dont les performances en puissance et en cyclabilité (charge et décharge) dépassent la technologie Li-ion, tout en s’affranchissant des métaux tels que le lithium, le nickel ou le cuivre, qui pourraient devenir critiques avec l’avènement de l’électromobilité. Ces nouvelles batteries sont commercialisées par la start-up Tiamat Energy, créée en 2017, et trouvent des applications dans l’hybridation des véhicules, la régulation en fréquence des réseaux électriques et l’outillage portatif.
Au cours de sa carrière, Jean-Marie Tarascon a reçu un grand nombre de prix prestigieux, et en particulier la médaille de l’innovation 2017, puis la médaille d’or du CNRS en 2022. Il a également été récompensé par le Japan Materials NIMS Award (2010), le Centenary Prize de la Royal Society of Chemistry (2015) et le prix Balzan (2020). Membre permanent de l’Académie des sciences depuis 2004, il est aussi membre étranger de la Royal Society britannique depuis 2014 et chevalier de la Légion d’honneur depuis 2009.
Devenu l’un des leaders mondiaux dans le domaine des batteries grâce à ses travaux sur les matériaux, Jean-Marie Tarascon focalise ses recherches sur l’un des défis majeurs du xxie siècle : inventer les nouvelles technologies pour le stockage de l’énergie, indispensables pour mieux gérer les ressources de notre planète, en particulier avec la montée en puissance des énergies renouvelables issues de sources discontinues (vent, Soleil). Il se tourne désormais sur les mécanismes fondamentaux en électrochimie, mais aussi sur la conception et la synthèse éco-efficace de nouveaux matériaux d’électrodes à haute capacité. Si la mise au point de technologies de « l’après Li-ion » telles que le Na-ion, le Zn-MnO2 ou les électrolytes tout-solide le passionne, il travaille également sur l’implantation de capteurs qui permettront de traquer les défauts et l'usure des matériaux afin de permettre le diagnostic et l'autoréparation de batteries « intelligentes ».
Jean-Marie Tarascon consacre également une partie de son temps à l’enseignement et à la diffusion de la culture scientifique, en particulier dans des écoles élémentaires. Il participe aussi à de nombreux comités intergouvernementaux de décision sur l'énergie.
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Écrit par
- Alexandre LEGRIS : ancien élève de l’École polytechnique, professeur des Universités, directeur adjoint scientifique de l’Institut de chimie du CNRS
- Jacques MADDALUNO : directeur de recherche au CNRS, directeur adjoint scientifique de l'Institut de chimie du CNRS
Classification
Média