Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JEAN MARIE VIANNEY saint (1786-1859)

Né à Dardilly (Rhône), Jean Marie Vianney fit sa première communion dans le village voisin d'Écully en 1799, au cours d'une messe célébrée clandestinement. Il travaillait la terre avec son père. Il voulait être prêtre. En 1807, il commença de pénibles études chez le curé d'Écully, Charles Balley, un ancien génovéfain de grande valeur et de vertu austère, fortement teinté de jansénisme. En octobre 1809, Jean Marie fut appelé à l'armée. Dirigé vers l'Espagne, il déserta et se cacha aux Noës (Loire), jusqu'à ce que l'engagement de son frère François l'ait dégagé du service militaire. Revenu à Écully en 1811, il fut accepté au séminaire de Verrières, puis à celui de Lyon. Mais ses résultats furent si mauvais qu'on le renvoya en décembre 1813. M. Balley ne se découragea pas, lui fit apprendre la théologie dans le Rituel de Toulon en français et, grâce à son prestige personnel, le fit admettre au sous-diaconat le 2 juillet 1814, au diaconat le 23 juin 1815 et au sacerdoce le 13 août 1815 à Grenoble. Il le garda près de lui pour l'initier au ministère paroissial, jusqu'à sa mort, le 16 décembre 1817. L'abbé Vianney, ne pouvant s'entendre avec aucun autre curé, fut nommé curé d'Ars (Ain) en 1818.

Il y mena une rude vie de prière et de mortification, qui lui attira vite l'estime de ses paroissiens et de ses confrères du voisinage. Il embellit et agrandit son église, fonda dès 1824 une école de filles, la Providence, puis une école de garçons qu'il confia en 1849 aux frères de la Sainte-Famille de Belley. Après 1830, la renommée de confesseur du curé d'Ars s'accrut de plus en plus. Il accepta ce rude ministère, qui devait le tenir jusqu'à quatorze heures par jour au confessionnal.

Le curé d'Ars offre des contrastes étonnants : lui, qu'on prenait pour un ignorant, se montra un étonnant guide des âmes, tout en refusant de disserter sur les cas de conscience compliqués. On a eu le tort de prendre pour de la simplicité d'esprit son incapacité à apprendre le latin et donc à suivre des cours en cette langue. On l'a plaint d'avoir eu pour auxiliaire le terrible abbé Raymond, mais sans faire remarquer qu'il avait été assez désemparé par son départ pour essayer une dernière fois de fuir. Ses tentatives de fuite peuvent-elles étonner chez un prêtre accablé par les soucis et les mesquineries de son entourage ? Ce qui fut le plus étonnant fut son incroyable endurance et sa merveilleuse facilité pour reprendre ses innombrables activités, malgré de graves ennuis de santé et la rude ascèse qu'il s'imposait. Sa bonté, sa discrétion, sa réserve, que beaucoup prirent pour de l'inconscience, dissimulaient sa force de caractère et sa clairvoyance. Les sommes considérables qui lui passèrent entre les mains attiraient les solliciteurs : s'il ne gardait rien pour lui, il évitait de subventionner des œuvres qui lui paraissaient les moins urgentes. De son vivant, comme après sa mort, certains ont tenté de présenter leurs idées sous la garantie du curé d'Ars : vaines tentatives. Cet humble curé sans apparence avait un caractère indépendant, il voulut toujours habiter seul dans son presbytère. Sa parfaite obéissance à son évêque n'excluait pas un curieux franc-parler, ses sincères aveux d'ignorance lui évitèrent de se laisser entraîner dans les violentes querelles qui divisaient les catholiques. L'évolution spirituelle qui le conduisit du rigorisme janséniste à la mansuétude évangélique n'eut pas d'autre cause que sa sainteté.

Le curé d'Ars mourut après quelques jours de maladie. Il fut béatifié en 1905 et canonisé en 1925. Il a été proclamé patron de tous les curés du monde. Sa fête est célébrée le 4 août.

— Jacques DUBOIS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification