CHARCOT JEAN-MARTIN (1825-1893)
Jean-Martin Charcot (1825-1893) était un médecin français, professeur de la faculté de médecine de Paris. Il y occupa la chaire d’anatomie pathologique à partir de 1872, avant de se voir attribuer, en 1882, la première chaire au monde dédiée à la « clinique des maladies nerveuses », raison pour laquelle il fait figure de fondateur mondial de la neurologie.
Charcot est né à Paris le 29 novembre 1825, aîné de sa fratrie. Ses trois frères deviendront respectivement marin, militaire et entrepreneur. Issu d’une famille modeste – son père est sellier –, il doit le succès de sa carrière à un travail acharné, presque obsessionnel. Doué et intéressé par les études, il a la chance de pouvoir suivre un cursus coûteux à partir de 1844 à la faculté de médecine de Paris. Charcot fut durant cette période un étudiant en médecine généralement brillant, mais avec des difficultés relationnelles et dans la communication orale. Sa forte émotivité en public explique certains échecs lors de ses premières tentatives pour l’obtention de l’internat et l’agrégation, un trait que l’on retrouve chez Claude Bernard. Dès 1852, il est admis à la Société anatomique et débute son internat dans le service de médecine générale d’Eugène Cazalis (1808-1883), médecin-chef à la Salpêtrière, plus précisément à l’hospice de la Vieillesse–Femmes. Docteur en médecine en 1853, Charcot est nommé en 1856 médecin des hôpitaux de Paris, puis, à partir de 1862, il exerce en tant que médecin-chef pendant huit années dans la division Paris, de médecine générale (500 lits), dédiée aux infirmes « incurables », et souvent âgées, de l’hospice. Il officiera à la Salpêtrière pendant toute sa carrière, jusqu’à sa disparition. Il décède brutalement le 16 août 1893 à Montsauche-les-Settons dans la Nièvre, au cours d’un voyage à Vézelay.
Un médecin bernardien
Charcot fut un médecin de renommée internationale célèbre pour ses travaux sur les maladies de la moelle épinière dont il décrivit deux entités importantes, la sclérose en plaques – en collaboration avec son ami et collègue d’internat Alfred Vulpian (1826-1887) – et la maladie dite de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique. Il s’était antérieurement fait connaître pour ses travaux sur les maladies chroniques des vieillards. D’abord réservé quant à la question de la spécialisation médicale, il la défendit pour la création de sa chaire des maladies nerveuses, appuyé par la Chambre des députés, et contre l’avis de la faculté de médecine. Cette nouvelle chaire contribua à l’individualisation de la psychologie clinique et de la psychiatrie clinique, parallèlement à l’aliénisme. Les contributions de Charcot à ces deux disciplines furent reprises par Pierre Janet (1859-1947) et Sigmund Freud (1856-1939).
Parmi ses maîtres, Pierre-Alphonse Piorry (1794-1879) et surtout Pierre Rayer (1793-1867) – qui lui facilita la création d’une clientèle privée – eurent une influence décisive, en raison, surtout, du rôle de ce dernier dans le rapprochement de la médecine et de la physiologie dans le cadre de la Société de biologie. Rayer fut le président fondateur de cette société à laquelle il nomma son élève, le physiologiste Claude Bernard, premier vice-président, poste que Charcot occupera à partir de 1876.
Le monde médical parisien des années 1850 dans lequel le jeune Charcot débuta sa carrière était en effet caractérisé par l’essor de la physiologie expérimentale au Collège de France, par les débuts de la microscopie médicale dans des cours privés et par les débats de la nouvelle Société de biologie. Outre-Rhin, on assistait à l’essor de la pathologie cellulaire de Rudolf Virchow (1821-1902) appliquant la microscopie et la théorie cellulaire à la médecine. Charcot fut réceptif à l’essor progressif de cette nouvelle « médecine[...]
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Écrit par
- Jean-Gaël BARBARA : neuroscientifique, directeur de recherche CNRS
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