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CHARCOT JEAN-MARTIN (1825-1893)

La place essentielle de l’observation en clinique neurologique

Charcot a su tirer le meilleur parti de ses conditions de travail à la Salpêtrière en pouvant suivre ses patientes de leur entrée à l’hospice jusqu’à leur décès souvent plusieurs années plus tard, alors que cela n’était généralement pas possible dans les hôpitaux. C’est dans ce service qu’il établit, avec parfois la collaboration de son ami d’internat Alfred Vulpian, sa méthode de travail de suivi de patientes atteintes de maladies chroniques peu étudiées précédemment. Entre l’épisode clinique initial au moment de l’internement des patientes et leur « terminaison fatale » avec autopsie, Charcot notait pour chacune toutes les phases d’évolution des pathologies. C’est ainsi qu’il tentait de corréler les lésions observées à l’autopsie au suivi clinique.

Avec le plus grand soin, mais à distance, en costume et chapeau haut de forme, il faisait venir ses patientes dans son cabinet et les observait, alors que l’usage voulait que le médecin consultât au lit des malades. Après une longue observation silencieuse, il reproduisait certains traits, postures ou mouvements par des croquis puis, plus tard, avec ses assistants, par la photographie et le film.

À la Salpêtrière, ce fut tout d’abord le médecin Guillaume Duchenne de Boulogne (1806-1875), collaborateur de Charcot, qui introduisit la photographie et qui l’utilisa pour deux livres qu’il publia en 1862. Charcot chargea son interne Désiré-Magloire Bourneville (1840-1909) de prendre des clichés photographiques de ses patientes de 1868 à 1879. À partir de 1875, un autre interne de Charcot, Paul Regnard (1850-1927), expert en photographie, seconda Bourneville, ce qui permit la fondation à Paris d’une deuxième revue de photographie médicale, L’Iconographie photographique de La Salpêtrière (1876-1880). Par ces succès, Charcot obtint finalement l’agrément et le financement officiel de son service photographique en 1878. Albert Londe (1858-1917), un interne chimiste de Charcot, pionnier innovant de la photographie et membre de la Société française de photographie, assurera sa direction à partir de 1884. Londe créa des appareils électriques à prises séquentielles très rapides qui permirent de fixer les comportements des patientes épileptiques, hystériques ou simplement atteintes de tremblements, pour décomposer leurs mouvements et archiver leurs descriptions objectives. Toutefois, ces séances photographiques, à l’instar des démonstrations publiques, créèrent des entités cliniques subjectives parce que la pause photographique engendrait également une suggestion chez les patientes hystériques.

Charcot décrivit par différentes autres techniques, dont l’inscription graphique, des types de mouvements anormaux comme le tremblement au repos dans la maladie de Parkinson, le tremblement lors du mouvement volontaire dans la sclérose en plaques ou le « tremblement sénile ». C’est de la même manière qu’il décrivit le comportement des hystériques et qu’il chercha à les interpréter, sans succès, comme les signes cliniques d’une maladie neurologique, finalement sans lésion caractéristique.

Charcot se fit aussi connaître et demeura célèbre pour avoir fondé une nouvelle médecine clinique des maladies musculaires et nerveuses avec l’aide de Duchenne de Boulogne, qui s’était formé à l’usage d’électrodes médicales en tant que médecin électrothérapeute pour le diagnostic de déficits de force musculaire et de paralysies dans les myopathies.

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Charcot - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Charcot

<em>La Salle des folles</em><em> à la Salpêtrière</em>, D. Vierge - crédits : © Photothèque de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris/ BnF

La Salle des folles à la Salpêtrière, D. Vierge

<em>Une leçon clinique à la Salpêtrière</em>, A. Brouillet - crédits : Photo 12/ Universal Images Group/ Getty Images

Une leçon clinique à la Salpêtrière, A. Brouillet

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