CHARCOT JEAN-MARTIN (1825-1893)
La place de l’expérimentation animale en médecine
Suivant la logique bernardienne, Charcot fut amené à développer en laboratoire certaines études de pathologie expérimentale sur l’animal pour comprendre l’origine des lésions faisant suite à l’inhalation de poussières ou à une intoxication au plomb. Mais sa sensibilité pour la condition animale explique son peu d’intérêt pour ces expériences et surtout la vivisection.
Si Charcot considérait bien la physiologie expérimentale comme la pierre angulaire de la biologie et la véritable base scientifique de la médecine, il excluait néanmoins qu’elle puisse définir à elle seule les entités pathologiques sur un animal lésé ou intoxiqué. Pour lui, le médecin devait toujours nécessairement partir de la clinique pour définir les classes nosographiques (les maladies). La recherche expérimentale sur l’animal avait alors pour but exclusif de reproduire certains traits des maladies humaines sur l’animal en vue d’en proposer des mécanismes pathologiques.
Cette conception de la maladie apparaît aujourd’hui correcte, mais elle rencontra les critiques de Claude Bernard. Ce dernier entendait que la physiologie soit non seulement la base essentielle de la médecine scientifique, mais qu’elle soit aussi à même de définir tôt ou tard chaque pathologie par des troubles physiologiques spécifiques. Si certaines pathologies dont l’étiologie est simple peuvent suivre ce schéma, les pathologies dégénératives complexes comme les maladies neurologiques requièrent la prudence de la conception de Charcot, même si ce dernier se montra également ouvert à d’autres conceptions de la maladie – ainsi son intérêt pour les expériences de vaccination de Louis Pasteur et la défense de ses travaux à l’Académie de médecine.
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Écrit par
- Jean-Gaël BARBARA : neuroscientifique, directeur de recherche CNRS
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