MESLIER JEAN (1664-1729)
Né dans les Ardennes françaises, à Mazerny, en 1664, fils d'un marchand, Jean Meslier, après ses études au séminaire de Reims, est ordonné prêtre en 1688. Nommé l'année suivante à la cure d'Étrépigny, dans sa région natale, il va exercer ses fonctions, sans grands problèmes, jusqu'à sa mort. Bien noté de Mgr Le Tellier, il a maille à partir avec l'impérieux Mgr de Mailly (1711-1721), comme avec le seigneur local ; mais rien qui permette de voir dans ce curé de village un athée et un révolutionnaire. C'est pourtant bien ce qui ressort des trois écrits posthumes qu'il a laissés : son Mémoire (connu comme Le Testament du curé Meslier), ses Lettres aux curés du voisinage et sa réfutation, en notes marginales, de la Démonstration de l'existence de Dieu de Fénelon (connue comme L'Anti-Fénelon). C'est là une œuvre importante (l'édition procurée en 1970-1972 par J. Deprun, R. Desné et A. Soboul fait trois volumes in-8o) dont la violence et l'ampleur ont choqué les « esprits philosophiques » du temps. Voltaire en a publié (anonymement) en 1762 une version abrégée, et partiellement réécrite, sous le titre de Testament de Jean Meslier, d'apparence déiste.
En fait, Meslier parle en « communiste », maniant contre « les princes de ce monde » la violence d'un vocabulaire biblique nourri d'une pensée sociale révolutionnaire ; dénonçant l'exploitation des « peuples », il appelle à la révolte contre les nobles et les prêtres. « Cartésien d'extrême gauche » (J. Deprun), Meslier dénonce les vues finalistes ou providentielles de Fénelon. Son univers mécaniste, où règne la nécessité, fait de lui un précurseur du matérialisme. Une langue riche de provincialismes et de néologismes, de nombreux emprunts à l'Écriture, un certain lyrisme passionné font de Jean Meslier un des témoins les plus originaux de la « crise de conscience » qui a marqué les débuts du siècle des Lumières.
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Écrit par
- Jean-Robert ARMOGATHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses
Classification
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