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MORAL JEAN (1906-1999)

Jean Moral est né le 7 juin 1906 à Marchiennes (Nord). À la mort de son père, au début de la Grande Guerre, sa mère le met en pension dans un collège religieux de Chartres. L'adolescent est renfermé, il se montre doué pour le dessin et découvre la photographie vers l'âge de dix-sept ans. Sur l'invitation de son ami Fabien Loris, il vient à Paris et y gagne sa vie dans le dessin publicitaire. Après le service militaire qu'il effectue en Afrique du Nord, Jean Moral revient à Paris en 1925. Il y reprend son métier de dessinateur et se livre à sa passion pour la photographie. Paris et les bords de la Seine lui permettent de développer une vision poétique, quand, au laboratoire, il entreprend avec maîtrise une série de compositions audacieuses de photogrammes, de surimpressions et de solarisations.

Sa carrière, comme sa vie de jeune homme, semble promise à la bonne fortune des rencontres. Embauché comme dessinateur en 1927 à l'atelier publicitaire Tolmer, Jean Moral passe ses premières vacances à Lacanau, où il rencontre Juliette Bastide qui devient son amie et son unique modèle féminin. C'est au cours de cet été 1927 que Jean Moral photographie son jeune collègue Bubi endormi et réalise une de ses images les plus célèbres. Claude Tolmer lui donne bientôt l'occasion de travailler comme photographe. Vite rompu à la pratique du Leica et du Rolleiflex, Jean Moral devient un professionnel, sans pour autant abandonner son métier de graphiste. C'est dans cette double voie qu'il participe à l'élaboration de Mise en page/The Theory and the Practice of the Lay-out, l'ouvrage de référence édité par Tolmer.

Son amitié avec Alexey Brodovitch, la fréquentation de jeunes photographes prometteurs comme Pierre Verger ou Pierre Boucher sont contemporaines de l'émergence d'une notoriété qui l'amène à figurer dès 1930 à l'exposition internationale de Munich, DasLichtbild, dont le catalogue publie une de ses photographies. À partir de 1931, l'année de son mariage avec Juliette, Jean Moral sera présent dans la plupart des expositions collectives et dans les ouvrages qui, à Paris, à Londres et à Munich traitent de la Nouvelle Photographie comme d'un courant important. Ses nombreuses photos de Juliette sont publiées par des revues brillantes : Der Querschnitt, Die Dame, Photographie d'arts et métiers graphiques, VanityFair, Votre Beauté, Modern Photography, Le Figaro illustré et surtout Paris Magazine.

En 1932, âgé de vingt-six ans à peine, Jean Moral jouit d'une relative aisance et surtout d'une reconnaissance qui retient déjà l'attention des collectionneurs. À l'invitation de Lucien Vogel et de Carlo Rim de Vu, Jean Moral s'essaie avec succès au reportage, qu'il traite à travers son style novateur. Dès 1933, les magazines de mode qui avaient déjà publié ses photographies dans leurs pages artistiques s'intéressent à lui comme photographe. Carmel Snow, la très influente rédactrice du Harper'sBazaar, lui propose une collaboration qui ne s'arrêtera qu'en 1946.

Jean Moral se distingue par son goût pour les décors naturels, en lumière du jour. Mais, malgré une diversité qui aurait pu combler son désir de créativité, la photographie ne parviendra jamais à le détacher de son goût premier pour le dessin auquel, sur le conseil de Francis Picabia, il se consacre exclusivement à partir des années 1950. Son œuvre rencontre un accueil favorable en Suisse, où il s'installe en 1959. Jean Moral meurt à Lausanne le 29 décembre 1999, alors que se tient la première rétrospective de son œuvre photographique exposée au musée de Grenoble du 12 décembre 1999 au 14 février 2000.

— Hervé LE GOFF

Bibliographie

C. Bouqueret, Jean Moral, l'Œil capteur, Marval, Paris 1999 (publié à l'occasion de l'exposition du musée de[...]

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