Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NEGULESCO JEAN (1900-1993)

Peintre et dessinateur de talent, ami des gloires artistiques et littéraires du Paris des années 1920 puis du Hollywood des années 1930, Jean Negulesco est venu au cinéma par hasard, en grande partie grâce à Élie Faure, qui lui conseilla d'abandonner ses pinceaux pour se consacrer à ce « nouvel art extraordinaire ». Bon vivant aimant profiter des bienfaits de l'existence, possesseur d'un humour sans pareil et friand d'anecdotes, Jean Negulesco s'est montré peu soucieux de faire œuvre d'auteur. Il n'en a pas moins signé, sur trente-cinq longs-métrages, une dizaine de très bons films, dont deux ou trois font figure de chefs-d'œuvre. Citons notamment The Mask of Dimitrios (Le Masque de Dimitrios, 1944), Three Strangers (1946), Humoresque (1946), Johnny Belinda (1948), Three Came Home (Captives à Bornéo, 1950), Phone call from a Stranger (Appel d'un inconnu, 1952), Titanic (1953) et How to Marry a Millionaire (Comment épouser un millionnaire, 1953), dans lesquels le cinéaste fait preuve d'un sens indéniable de l'atmosphère.

Jean Negulesco est né le 26 février 1900 à Craiova en Roumanie. Au cours de la Grande Guerre, alors qu'il sert dans une section hospitalière en Moldavie, il se découvre une vocation pour le dessin et la peinture. À Paris, il suit les cours d'arts plastiques de l'académie Julian, fréquente nombre d'artistes, tels Brancusi, Modigliani, Tzara, Man Ray, Cocteau et Picasso, et expose un peu partout en Europe. Parti aux États-Unis à la fin des années 1920 pour une exposition de son œuvre, il s'établit à Los Angeles où il devient le portraitiste du tout-cinéma. Après avoir produit, écrit et réalisé, en 1931, un long-métrage, Three and a Day, immontable et immontrable, selon lui, il est engagé à la Paramount par le producteur Benjamin Glazer, dont il devient l'assistant, travaillant pour lui à des titres divers. Après la non-reconduction de son contrat, il cosigne, de 1937 à 1939, le scénario ou l'adaptation de quelques films.

Dans le même temps, Jean Negulesco fait ses premiers pas dans la mise en scène. Il coréalise en 1934 et 1936 deux longs-métrages puis, entré à la Warner Bros, dirigea de 1940 à 1944 une cinquantaine de courts-métrages musicaux en deux bobines. En 1944, il met en scène son premier vrai long-métrage : The Mask of Dimitrios, film noir adapté du roman d'Eric Ambler. Il tournera six autres films pour la firme, des drames et mélodrames proches eux aussi du film noir, et qui figurent, à l'exception d'un seul, parmi les meilleurs de sa carrière. Mais il fut limogé avant la fin de son contrat pour ne pas avoir tenu compte, lors de la finition de Johnny Belinda, des desiderata de Jack Warner. Jean Negulesco entre alors à la 20th Century Fox dont un des dirigeants, Daryl F. Zanuck, avait aimé sa manière d'exploiter les extérieurs dans Deep Valley (1947). À l'exception de quatre films, le cinéaste accomplit le reste de sa carrière dans cette société, illustrant les genres les plus divers – du film noir au musical, de la comédie au film d'aventures, du mélodrame au film à costumes. En 1970, après avoir, sur la demande de Zanuck, remplacé Ronald Neame pour Hello-Goodbye, il décide de prendre sa retraite.

— Alain GAREL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification