CORVISART JEAN-NICOLAS (1755-1821)
Médecin français, Jean-Nicolas Corvisart des Marets est né à Dricourt (Ardennes) le 15 février 1755, dans une famille de petite noblesse. Il suit les cours de l’École de médecine de Paris tout en étant infirmier à l’Hôtel-Dieu et soutient sa thèse de docteur en médecine, en 1782, sur L'Agrément de l'étude de la médecine et les désagréments de sa pratique. Son attitude quelque peu rebelle vis-à-vis de l’establishment médical le contraint à prendre un poste de médecin dans un hôpital pour pauvres de la paroisse Saint-Sulpice. Suivent cinq années pendant lesquelles il pénètre le cercle des médecins modernistes, comme Desbois de Rochefort, hostiles à la médecine enseignée à la faculté. À la mort de ce dernier, en 1786, il prend sa succession à l'hôpital de la Charité, auprès de Jean-Baptiste Dumangin. Corvisart se tient à l’écart des soubresauts du monde médical pendant la période révolutionnaire. Il continue de tenir un service hospitalier après la réorganisation de l’enseignement médical (décret du 14 frimaire an III) et obtient, en 1795, la chaire de clinique interne de l’École de santé de Paris, future faculté de médecine, puis celle de médecine au Collège de France en 1797. Sa réputation d'excellent clinicien le fait nommer auprès de Bonaparte, dont il dissipe les malaises par une hygiène alimentaire stricte. Il suit le destin de son client : premier médecin du couple impérial (1804), il participe à quelques campagnes militaires (Italie, 1805 ; Autriche, 1809). Il reçoit de nombreuses distinctions (officier de la Légion d’honneur en 1804, nommé baron d’Empire en 1808) et reste fidèle à l’Empereur jusqu’à Waterloo.
Jusqu’à sa mort, Corvisart restera très proche des cercles du pouvoir. Cette situation lui permet de diffuser ses positions réformistes en médecine au sein de la Société médicale d’émulation, sorte de club de jeunes médecins modernes créé en 1796, puis à la direction du Nouveau Journal de médecine, chirurgie et pharmacie, ouvert aux travaux universitaires. En 1801, il est nommé médecin du gouvernement, chargé d’assister les autorités en toutes matières concernant les maladies contagieuses et les épidémies. Il est l’un des rédacteurs principaux de la loi fondamentale du 19 ventôse an XI (10 mars 1803), qui réglemente les professions de médecin et de pharmacien, et crée le corps des internes des hôpitaux. Il sera membre de l’Académie des sciences à partir de 1811 et de l’Académie de médecine dès sa fondation en 1820.
Corvisart se situe à la charnière entre deux manières de penser et de pratiquer la médecine. Formé à l’observation rationnelle des symptômes et à l’examen du malade, il systématise en France l'enseignement anatomoclinique au lit du malade – clinique par les visites, la surveillance de l'évolution de l’état du patient, les discussions avec les élèves et les cours magistraux conçus à partir des cas observés ; anatomique par la vérification des hypothèses étiologiques et l’étude des lésions des organes lors des autopsies. Son principal ouvrage médical, Essai sur les maladies du cœur et des gros vaisseaux (1806), établit la pathologie cardiovasculaire. Il introduit, perfectionne et enseigne la technique de la percussion d'Auenbrugger (dont il traduit l'ouvrage sous le titre Nouvelle Méthode pour reconnaître les maladies internes de la poitrine, 1808) et l'applique au diagnostic des maladies cardiaques. Enfin, son enseignement est renommé ; la plupart des membres de l’Académie de médecine nouvellement créée et des fondateurs de la médecine dite scientifique en France ont été de ses élèves (Laennec, Bichat, Broussais, Dupuytren, Bayle…).
Atteint d'hémiplégie en 1816 et craignant que la maladie ne lui fît commettre des erreurs de diagnostic, il avait cessé de soigner, pour se consacrer[...]
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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