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NOUVEL JEAN (1945- )

Jean Nouvel est, de tous les architectes français contemporains, le plus célèbre, le plus convoité par la mode, le plus courtisé par les médias, mais aussi le plus contesté par certains de ses confrères. Son image a fini par se fondre avec celle de l'homme « branché », cet archétype de l'époque, et lui-même, d'ailleurs, aime se référer à un vague « esprit du temps » mal défini.

Son confrère Richard Rogers affirmait, en 1989, qu'il incarnait parfaitement le modernisme français, constituant « le principal symbole de cette confiance en lui-même », qui, selon lui, caractérisait alors la France.

Nouvel est en effet devenu un symbole alors que montait un vedettariat architectural inusité dans ce pays. Cela explique que la scène architecturale parisienne se soit tant de fois si vivement déchirée à son propos.

Jean Nouvel n'est guère affecté par ce type de jugement : « Je suis un hors-la-loi », laisse-t-il entendre, un voleur qui aime « piquer à droite et à gauche : à la mode, à la bande dessinée, à la recherche de pointe, aux images techniques ». Voleur, ou bien synthétiseur, c'est un brasseur des rêves et des émotions du moment.

Un militantisme architectural

Né le 12 août 1945 à Fumel (Lot-et-Garonne) de parents enseignants, Jean Nouvel passe son enfance à Sarlat et fait ses études à Bordeaux. En 1966, à vingt et un ans, il vient à Paris pour s'inscrire à l'École des beaux-arts. Durant quatre ans, il est en même temps le collaborateur de Claude Parent, architecte assez marginal, bouillant polémiste et brillant dessinateur, qui, ayant redécouvert avec Paul Virilio les beautés du bunker puis mis au point la théorie de la « fonction oblique », invente alors des univers d'une sombre plasticité en glorifiant la rudesse du béton armé.

En 1972, Nouvel est, avec son ami le peintre François Seigneur, lauréat de la première session du concours PAN, ce « programme architecture nouvelle » qui devait, année après année, révéler les jeunes générations d'architectes. Leur projet sacrifie au poncif du moment, celui de la multiplication cellulaire et de la répétitivité, dans une esthétique oblique encore très marquée par celle de Parent ; sa difficulté à trouver une « écriture » personnelle durera quelques années.

Très vite, il apparaît comme une des figures marquantes du militantisme architectural et politique des années 1970. Activiste infatigable, mêlé au monde du théâtre (Jean-Marie Serrault, plus tard le scénographe Jacques Le Marquet et Sylvia Monfort) ensuite au monde artistique (dès 1970, il est l'architecte de la biennale de Paris, puis l'animateur de sa section architecture, devenue en 1980, 1982 et 1985 un lieu essentiel du débat théorique), Jean Nouvel est de tous les combats. Le local qu'il partage avec d'autres architectes rue Lacuée, « loft » convivial établi dans un ancien atelier de serrurerie du quartier de la Bastille, devient un des foyers de l'activité architecturale parisienne. Nouvel participe à la création du mouvement Mars-76, destiné pour l'essentiel à lutter contre le corporatisme des architectes, puis à celle du syndicat de l'architecture en 1977, dressé contre l'ordre professionnel. La question de la ville et des stratégies urbaines figure très tôt parmi ses préoccupations essentielles. Aussi fait-il partie des organisateurs du concours de contre-projets pour les Halles qui, à la fin de l'année 1979, mobilisa six cents équipes d'architectes du monde entier. L'année suivante, il fonde la biennale d'Architecture dans le cadre de la biennale de Paris.

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Écrit par

  • : critique d'architecture
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